… rétablissement de la vérité…
« L’emprisonnement de Luiz Inácio Lula da Silva a été le résultat de manœuvres de la part d’agents publics visant à prendre le pouvoir ». Ces mots ne sont pas ceux de l’avocat de celui qui a gouverné le Brésil de 2003 à 2011 – et qui se retrouve de nouveau à sa tête depuis ce 1ᵉʳ janvier 2023 – mais de Dias Toffoli, juge du Tribunal Suprême Fédéral.
Chargé d’examiner un recours interposé par la défense de l’ancien syndicaliste, ce magistrat a annulé, mercredi dernier, toutes les charges qui avaient conduit à sa condamnation, en 2017, pour corruption passive et blanchiment d’argent.
Il a en effet qualifié d’« inutilisables » par « n’importe quelle juridiction » les supposés aveux de hauts responsables de la multinationale brésilienne du BTP Odebrecht obtenus dans le cadre de l’opération Lava Jato, une vaste enquête concernant diverses affaires de corruption dirigée par le juge Sérgio Moro.
Lula, qui s’était toujours déclaré innocent et victime d’un complot ourdi par ses adversaires politiques, avait dû endurer 580 jours de détention entre avril 2018 et novembre 2019, avant d’être libéré à la faveur d’une modification par la Cour suprême de la jurisprudence sur l’Habeas corpus.
Libre mais pas encore innocenté, le Tribunal suprême fédéral avait décidé de reprendre le procès suite aux révélations du site d’investigation The Intercept, en juin 2019, confirmant une conspiration visant à empêcher Lula de se présenter à l’élection présidentielle de 2018.
Ce n’est qu’en 2021 que ses condamnations ont été annulées, le Tribunal suprême fédéral ayant établi la partialité du juge Sergio Moro, entretemps devenu ministre de la Justice du gouvernement de l’ultraconservateur Jair Bolsonaro (2019-2022).
« Aujourd’hui nous pouvons conclure que (cette) incarcération (représente) une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire du pays » a indiqué le magistrat Dias Toffoli, détruisant ainsi tout l’argumentaire déployé à l’époque par les accusateurs de Lula.
« Ce n’était pas seulement une « erreur judiciaire », c’était un coup d’État » soutient l’analyste Beto Almeida. « Bolsonaro n’aurait jamais dû remporter la présidentielle de 2018, ajoute-t-il au micro de la chaîne Telesur, ce sont les droits démocratiques de toute la société brésilienne qui ont été bafoués avec cette affaire ».
Luis Reygada. Source (extraits)