La dramatique offre de santé française…

… si les médias relatent souvent – à juste titre, hélas – la dégradation du système de santé dans les HP, celui des hôpitaux psychiatriques est rarement médiatisé, pourtant… MC

Près de 80 % des établissements psychiatriques en difficulté

Les chiffres sur un cri d’alarme. Depuis 2020, 58 % des établissements publics ont fermé des lits de psychiatrie, à un rythme qui s’est accéléré depuis la crise sanitaire, selon une enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF).

« Depuis plusieurs années, les professionnels et les usagers alertent sur l’état de la psychiatrie en France. Avec la crise sanitaire, les demandes de soin ont explosé, alors que, dans le même temps, la capacité hospitalière a diminué », observe Sylvie Peron, psychiatre au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers (Vienne) et présidente du groupe de travail FHF sur la psychiatrie.

Faute de médecins et d’infirmiers pour soigner les patients, l’hôpital public (qui accueille 85 % des malades) a réduit la voilure de la prise en charge psychiatrique.

Entre un quart et trois quarts des postes de médecins sont vacants dans 40 % des établissements. Les infirmières et infirmiers manquent aussi cruellement :14 % des établissements indiquent qu’environ un quart de leurs postes sont vacants, selon la FHF.

En conséquence, 80 % des établissements rencontrent des difficultés de prise en charge des patients. Les équipes soulignent « un fonctionnement dégradé (en termes de qualité et de sécurité des soins) ; une situation insatisfaisante en termes de santé publique et un allongement des délais de prise en charge ».

Des années pour trouver une place en médico-social

Toute la chaîne, avant et après l’hôpital, est touchée.

En psychiatrie adulte, le délai moyen d’accès à l’ambulatoire est d’un à quatre mois pour plus de la moitié des établissements (53 %). Et ce n’est pas mieux du côté des hospitalisations, dont les délais s’allongent aussi.

« Pour les familles, c’est extrêmement difficile. Si la question de l’hospitalisation se pose, c’est qu’elles sont confrontées à une situation de crise ou de pré-crise. Entendre qu’il ne peut pas y avoir d’hospitalisation, qu’on ne peut rien faire, est douloureux », explique Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam.

La porte-parole des familles de patients pointe la nécessité de renforcer toutes les étapes du suivi psychiatrique, notamment en amont.

Près de 90 % des personnes qui ont des troubles psychiques sont suivis en ambulatoire. Il est important de réduire les délais pour obtenir une première consultation, ou consulter en urgence si besoin : tout ce qui va permettre de limiter l’hospitalisation !


Élodie Béai. Le Dauphiné Libéré.06/09/2023


2 réflexions sur “La dramatique offre de santé française…

  1. bernarddominik 08/09/2023 / 7h59

    En fait si on regarde la géographie des hôpitaux psychiatriques en difficulté il y a une corrélation avec les secteurs desservis certaines populations sont plus sujettes à des troubles psy et en plus sont moins solvables, la CMU étant loin de tout couvrir, de plus le paiement à l’acte n’est pas adapté à la psychiatrie où l’hôpital ne peut compenser par des examens (scanner radios …) le coût réel de la consultation et de l’hospitalisation. Peut-être faudrait il se demander pourquoi tant de français ont besoin de tant d’anti dépresseurs. On a le système de solidarité le plus coûteux au monde et pourtant on a le plus de déprimés. Peut-être faut il revoir les conditions de travail et le suivi de ceux qui n’en ont pas, et des personnes seules.

Laisser un commentaire