Éducation : En remettre une couche

CRÈME SCOLAIRE

L’école est devenue « un domaine réservé » de plus pour Macron, ce dernier ne fait pas preuve de trop de réserve pour s’exprimer sur le domaine en question. L’école, qu’on se le dise, est, comme il ne cesse de le claironner, non seulement son « domaine », mais aussi sa première « priorité » de la rentrée. Pas un jour sans qu’il ne tire à lui la couverture médiatique du sujet.

Il multiplie les annonces raccourcissement des vacances scolaires, report des épreuves du bac, revalorisation de l’enseignement professionnel, etc. Et, avant de se rendre en personne mardi dans un collège des Pyrénées-Atlantiques, à Orthez, pour parler sport à l’école et annoncer la « rénovation de 40 000 établissements scolaires d’ici à dix ans », il a accordé lundi, jour de la rentrée, une interview à la chaîne YouTube Hugo-Décrypte, au cours de laquelle il a longuement arpenté son domaine réservé.

En appuyant évidemment sur l’interdiction nécessaire de l’abaya à l’école, au nom de la laïcité. Il s’est défendu de toute « stigmatisation », tout en évoquant en parallèle « l’attaque terroriste et l’assassinat de Samuel Paty ». Et s’est attardé longuement sur ce vêtement, tout en disant que ce n’était pas le « sujet le plus important ». Ce que pensent aussi, bien sûr, les organisations syndicales de l’Éducation. Lesquelles martèlent, entre autres, que le problème prioritaire est le manque cruel d’enseignants et les difficultés pour en recruter. Et qu’on est loin, très loin, même avec le « pacte enseignants » pour les remplacements, du « professeur devant chaque classe » promis par le Président.

Accessoirement, le problème de l’abaya n’est crucial que dans 531 établissements recensés sur 58 910, soit un peu moins de 1 %. Et, à en croire le ministre de l’Éducation en titre, Gabriel Attal, seules 298 élèves se sont présentées lundi en abaya et 67 ont refusé de porter une autre tenue. Mais, si Macron en parle beaucoup, c’est, on l’aura compris, qu’il s’agit du sujet qui fait le plus de bruit. Et qui, ainsi, couvre évidemment les problèmes « plus importants ».

D’où, aussi, l’« approche expérimentation-évaluation » de l’uniforme à l’école ou de la « tenue unique », qui lui semble « plus acceptable » car elle « peut paraître moins stricte d’un point de vue disciplinaire », etc. Et, là encore, après cette longue digression, il a déploré que cette question prenne « des proportions folles » dans le débat du moment. Encore un problème pour en cacher un autre !

Mais parfois aussi à son insu, comme cela s’est produit au moment où il vantait la « réduction de notre empreinte carbone » alors que Borne et Attal se faisaient allumer et moquer par les écolos pour avoir préféré l’avion (38 min) au train (1 h 30) pour aller visiter un lycée près de Rennes, ce qui a sérieusement plombé le propos climatique présidentiel. Mais il reste la volonté, martelée dans le même entretien, que, « dès la sixième, cette année, on commence à avoir des élèves qui plantent des arbres ». Même si c’est pour cacher la forêt des autres problèmes du « domaine réservé », c’est toujours mieux que des élèves qui, faute de maîtriser les « savoirs fondamentaux », se plantent dès la sixième.


Edito Erik Emptaz. Le Canard Enchainé. 06/09/2023


2 réflexions sur “Éducation : En remettre une couche

  1. bernarddominik 08/09/2023 / 7h44

    Effectivement l’abaya est un problème secondaire, c’est le manque d’enseignants qui est le pb n°1. Mais l’idée de l’uniforme n’est pas à négliger elle supprime la visibilité des différences sociales. Encore faut il choisir un uniforme simple et peu coûteux. Quant à Macron, son besoin de tout ramener à lui montre bien ses complexes et son égocentrisme. Giscard avait la même maladie mentale. Faudra t il exiger de tout candidat un certificat de santé mentale?

  2. Anne-Marie 08/09/2023 / 18h52

    « un uniforme simple et peu coûteux »
    Si on le faisait fabriquer par les « esclaves » des usines textiles du Bengladesh !

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