… l’entreprise de collecte de déchets redirige ses recrues vers des agences de travail temporaire.
Des salariés ayant enchaîné jusqu’à des centaines de missions ont gagné devant les prud’hommes la requalification de leurs contrats en CDI.
Elle enchaîne les appels d’offres et rafle les marchés publics les uns après les autres, dessert aujourd’hui plus de 7 millions d’habitants, avec plus de deux cents contrats conclus avec des collectivités territoriales. Fondée en 1965, l’entreprise de propreté urbaine et de collecte de déchets ménagers Sepur est devenue l’un des plus gros opérateurs franciliens du secteur ; elle entend bien étendre encore ses activités, évincer ses concurrents, quitte à recourir à des procédés singuliers pour comprimer ses coûts.
En 2018, l’entreprise dirigée par Youri Ivanov remportait ainsi le marché de prestation de services N° 17.016-1 – d’un montant de 68 702 390 euros hors taxes sur 8 ans – pour le ramassage des poubelles dans les 21 communes de la Vallée de Chevreuse membres du Siom, un syndicat intercommunal chevauchant l’Essonne et les Yvelines.
« Son offre était alors très largement inférieure à celle de l’ancien prestataire Otus (filiale de Veolia, N.D.L.R), de plusieurs centaines de milliers d’euros. Au-delà de toute concurrence », se souvient Pierre Bertiaux, aujourd’hui élu d’opposition au comité syndical du SIOM.
Les travailleurs comme « variable d’ajustement »
« On se demande comment ils font, s’agace Olivier Champetier. Vous ne pouvez pas, sous prétexte de baisser les coûts, ne pas réfléchir aux méthodes employées. Ici la seule variable d’ajustement ce sont les travailleurs. » Durant plusieurs mois, le responsable fédéral de la CGT 91 a accompagné les 85 anciens employés d’Otus du site de Villejust (Essonne) qui se sont opposés – sans succès – aux conditions de reprise moins-disantes imposées par la nouvelle direction.
« C’est malheureusement une situation assez classique sur les reprises de marché », remarque Philippe Madranges, syndicaliste, lui aussi présent aux côtés des éboueurs du Siom en 2018. Sepur a poussé les anciens vers la sortie pour réduire la masse salariale, les remplacer par des étrangers, plus vulnérables. « En fait, ils se cachent derrière des boîtes d’intérim pour embaucher des sans-papiers. »
Rosa Moussaoui/Luis Reygada. Source (Extraits)