Attal rêve-t-il de l’école… d’hier ?

Lors de sa conférence de presse, ce lundi 28/08/2023, le nouveau ministre de l’Éducation nationale a insisté sur l’importance du français et des maths, adressant des consignes strictes aux enseignants.

Lire, écrire, compter. Cette trilogie héritée du début du XIXe siècle vient d’être remise à l’honneur par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal.

« Nous mettons le paquet sur les savoirs fondamentaux à tous les niveaux », a-t-il ainsi martelé lundi matin, devant un parterre de journalistes, lors de sa conférence de presse. Et pas n’importe quels savoirs : le français et les mathématiques.

Dans un pays où le niveau des élèves reste en-deçà de la moyenne européenne et internationale, près d’un enfant sur trois ne dispose pas du niveau attendu dans ces deux disciplines à l’entrée en sixième, a déploré Gabriel Attal.

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Pour Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT, ces directives ministérielles mettent à mal le sens du métier : « C’est un peu infantilisant pour les professeurs des écoles, qui ont l’impression qu’on a du mal à leur faire confiance, à croire dans leur expertise professionnelle. Les collègues travaillent pendant les vacances à programmer jour par jour, à l’échelle de l’année, des séquences qu’ils ajustent ensuite à la réalité de leur classe. En quoi ces injonctions peuvent-elles bien aider celles et ceux qui ne le feraient pas ? Les conseils doivent s’appuyer sur ce qui se joue dans les classes, les recettes toutes faites, ça ne marche pas. »

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Force est de constater que l’école d’autrefois reste la référence, à l’heure où le président de la République, qui prétend soutenir l’innovation pédagogique, vante dans Le Point l’autorité des savoirs et des maîtres.

« L’école de Jules Ferry n’était pas celle du “lire, écrire, compter” », rétorque l’historien Claude Lelièvre. Qui rappelle que cette trilogie remonte à la Restauration, lorsqu’une ordonnance royale de 1816 indique que l’instruction primaire « comprend nécessairement l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul ».

Loin d’adouber ces missions qui seront reprises sous la monarchie de Juillet dans un arrêté de 1834, l’école républicaine et laïque tiendra à s’en démarquer. « Jules Ferry et les siens étaient très soucieux du fondamental mais, pour eux, il n’y avait pas de disciplines fondamentales. Seulement des éléments obligatoires à maîtriser dans les différentes matières. Je trouve extraordinaire qu’un siècle et demi plus tard, on en soit encore à rêvasser d’un retour à ce qui n’a jamais été dans les ambitions des républicains », poursuit Claude Lelièvre.

Rendons cependant à Gabriel Attal ce qui lui appartient : au détour de son allocution, le ministre a glissé le souhait de faire de l’éducation artistique et culturelle un marqueur de l’école de demain. Une école « qui rend heureux »


Marion Rousset. Télérama. Source (extraits)


2 réflexions sur “Attal rêve-t-il de l’école… d’hier ?

  1. laurent domergue 29/08/2023 / 16h11

    Les Maths ?! mais c’est bien sur pour mieux apprendre à compter en début de mois les quelques sous qu’il nous reste pour le finir si du moins il en reste après l’impôt !

  2. bernarddominik 29/08/2023 / 16h46

    Claude Lelievre me semble bien ignorant de ce qu’était l’école il y a 70 ans. Et il suffit de comparer un cahier de 1950 à un cahier de 2020 pour comprendre que finalement revenir à 70 ans en arrière est, étrangement, un progrès. Alors jetons caca avec l’eau des WC.

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