La présence du rappeur havrais aux universités d’été des écologistes et de la France insoumise fait polémique. En cause, un tweet antisémite adressé à l’essayiste Rachel Khan. Cette fois-ci, indéfendable.
L‘échange a eu lieu il y a un an sur le plateau de l’émission Le code, sur Apple Music, l’une des plus suivies par les amateurs de rap, où chaque artiste en vue se doit d’apparaître. « Ça fait longtemps que tu n’as pas sorti d’album. Pourtant, tu occupes l’espace médiatique rap depuis quelque temps », glisse en introduction le journaliste Mehdi Maïzi, bienveillant et fin connaisseur de la chose « rapistique », à Médine Zaouiche, nom d’artiste Médine, 40 ans, venu présenter son neuvième album Médine France (2022). « J’ai l’impression que chez toi, aucune ligne n’est écrite au hasard. […] Tu t’interdis de faire des rimes balourdes. […] Tu es un très bon élève du rap. » Et le tchatcheur, semblant malgré tout un peu sur ses gardes, de répondre : « Il ne faut rien laisser au hasard. Il y a aussi l’art du silence […], savoir lever la plume. »
Pour la plume légère, on repassera. Le 10 août, Médine a déclenché la polémique avec son tweet adressé à l’essayiste Rachel Khan – proche du parti macroniste Renaissance, et qui avait précédemment comparé le rappeur à un « déchet » –, en la qualifiant de « resKHANpée » et en la décrivant comme une personne « dérivant chez les social traites [sic] et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite ».
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Une seule certitude : de plus en plus de gens aiment le rap, et le défendent. Il est souvent attaqué, surtout sur les chaînes de Vincent Bolloré et par les syndicats de police d’extrême droite, en premier lieu parce qu’il symbolise les quartiers populaires et la diversité, ou la mixité, ou le métissage – appelons le bel arc-en-ciel de notre nation comme on voudra. Alors, on fait ce rêve.
Que le milieu du rap, qui a soutenu le chanteur contre vents et marées, montre davantage de raison que nos « responsables » politiques, enfermés dans leurs calculs électoraux. Pour commencer, disons tout net à Freeze Corleone, star des collèges et des lycées, que lui aussi nous fait honte. « Je préfère être traité d’antisémite plutôt que de viol comme Gérald Darmanin », scande-t-il sur sa nouvelle chanson Shavkat publiée le 24 juillet.
Après avoir chanté « rien à foutre de la Shoah » sur un précédent album, il s’amuse à publier sur ses réseaux des dog whistles (appels du pied cryptés) antisémites sous forme de « dragons célestes », un des signes de reconnaissance favoris de l’extrême droite américaine. Le rap n’a pas besoin de fascistes.
Erwan Perron. Télérama. Source (extraits)
Le rap ce n’est pas de ma chanson mais de la déclamation avec toutes les outrances de ce genre.
Un texte peut être élégant, construit, documenté, philosophant, de prose libre ou rimant, dénonciateur ou politique… arrangée à la sauce rap, slam, enrobé d’une mélodie, orchestré en opéra, etc… si le texte a une valeur intrinsèque, il peut toujours, quelque qu’en soit sa provenance, des rues, ouvriers ou bourgeois, quel que soit son auteur ou interprète : être de valeur.