Manipulateur-chef-chef !

Après dix années d’enquête, les juges d’instruction considèrent qu’il existe aujourd’hui suffisamment de charges contre l’ancien chef de l’État – Nicolas Sarkozy — pour qu’il soit jugé dans l’affaire des financements libyens. Un procès est également demandé à l’encontre de Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth. Du jamais-vu dans l’histoire politique et judiciaire française.

Deux juges d’instruction du tribunal de Paris ont officiellement demandé, jeudi 24 août 2023, la tenue d’un procès pénal à l’encontre de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy dans l’affaire des financements libyens, douze ans après la révélation du scandale par Médiapart.

Au terme d’une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel (ORTC), c’est-à-dire le document judiciaire qui clôt définitivement une instruction, les juges Aude Buresi et Virgine Tilmont considèrent qu’il existe aujourd’hui suffisamment de charges contre l’ancien chef de l’État français pour qu’il soit jugé pour quatre délits : « corruption passive », « association de malfaiteurs », « recel de détournements de fonds publics libyens » et « financement illicite de campagne électorale ».

Depuis le début de l’enquête libyenne, Nicolas Sarkozy, déjà condamné dans deux autres affaires d’atteinte à la probité (Bismuth et Bygmalion), dément toute malversation. Il bénéficie, comme tout mis en cause, de la présomption d’innocence.

Aux côtés de Nicolas Sarkozy, trois de ses anciens ministres, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Éric Woerth, sont également renvoyés devant le tribunal correctionnel, ce qui va immanquablement donner au procès qui se dessine une dimension inédite.

Jamais, dans l’histoire politique et judiciaire française, autant de hauts responsables publics vont se retrouver sur le banc des prévenus dans un dossier politico-financier d’une telle sensibilité : le soupçon d’une démocratie, la France, corrompue par une dictature, la Libye.

[…]

Les magistrates ont décidé de renvoyer, au total, treize personnes devant le tribunal, conformément aux réquisitions du Parquet national financier (PNF) rendues publiques en mai dernier.

[…]

[…] Nicolas Sarkozy a d’ailleurs dû adapter sa ligne de défense à mesure des découvertes judiciaires. Après avoir démenti catégoriquement le moindre comportement problématique avec la Libye de Kadhafi, il a par exemple été obligé, en audition, de lâcher ses deux plus proches collaborateurs, Claude Guéant et Brice Hortefeux. « Je n’avais aucun élément pour connaître ce qu’était la réalité de leur vie », a-t-il ainsi déclaré sur procès-verbal, dénonçant des « fautes » et des fréquentations « incompréhensibles » de leur part.

Contestée à de nombreuses reprises ces dernières années par les mis en cause, dont Nicolas Sarkozy lui-même qui a multiplié avec ses avocats les recours pour tenter de faire tomber l’enquête, la procédure dirigée dans un premier temps par le juge Serge Tournaire, puis par sa collègue Aude Buresi, a été totalement validée par la cour d’appel de Paris et la Cour de cassation ces dernières années.

[…]


Un article signé des initiales : F. A. et K. L. Médiapart. Source (Courts extraits)


Laisser un commentaire