Tétin refait, plus blanc qu’un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf.
Tétin qui fait honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose ;
Tétin dur, non pas tétin, voire,
Mais petite boule d’ivoire,
Au milieu duquel est assise.
Une fraise ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu’il est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui porte témoignage
Au demeurant du personnage.
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir.
Mais il se faut bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô, Tétin ni grand, ni petit,
Tétin mûr, tétin d’appétit,
Tétin qui nuit et jour, criez :
« Mariez-moi tôt, mariez ! »
Tétin qui t’enfle, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces
À bon droit heureux, on dira
Celui qui de lait t’emplira
Faisant d’un tétin de pucelle
Tétin de femme entière et belle.
Clément Marot (1495 – 1544)
💖
Ouf ! la morale est sauve !