La folie de ces mégalos milliardaires
Dans la méticuleuse entreprise de démolition d’Elon Musk, ne restait plus qu’à démanteler la fa çade, ou plutôt le nom et le logo.
Adieu Twitter et son célèbre oiseau bleu, bonjour X, mutation faite d’une manière aussi brutale que celui qui recouvre des tomettes anciennes avec du lino bon marché. Le geste était prémédité : depuis qu’il a racheté le réseau social contre 44 milliards de dollars en avril, l’imprévisible milliardaire n’a jamais tu son intention d’en faire la brique fondatrice d’une vaste «application à tout faire ».
Son modèle ?
WeChat, la « super-app » chinoise utilisée par 6o% de la population, devenue incontournable tant elle sert à communiquer, régler ses achats, regarder des vidéos en streaming, et même lancer sa procédure de divorce.
Musk nourrit ce délire mégalomane — X, comme l’emplacement d’un trésor sur une carte – depuis ses jeunes années.
En 1999 déjà, il avait fondé X.com, une banque en ligne qui rêvait de remplacer le dollar par une monnaie virtuelle mondiale… et qui deviendra PayPal (lui coûtant sa place de PDG au passage).
Depuis, l’homme d’affaires a poursuivi l’obsession, ici dans l’improbable prénom donné à l’un de ses fils (X AE A-12), là dans le modèle d’une de ses Tesla (X, un SUV de plus de 2 tonnes). Un fétichisme qui pourrait prêter à sourire, s’il ne dessinait un projet politique : la création d’une vaste cité numérique réactionnaire.
Après avoir méthodiquement éliminé les équipes de modération de Twitter, rendu le réseau social payant (Blue, son service premium, est déjà la nouvelle pataugeoire préférée des complotistes) et annoncé son soutien au gouverneur ultra-conservateur de Floride Ron DeSantis, Musk s’apprête peut-être à propulser une extrême droite née sous X
Olivier Tesquet Télérama. N°3839 – 02/08/2023