Donald Trump a été inculpé lundi pour la quatrième fois par la justice américaine. Cette fois pour sa tentative d’obtenir l’inversion du résultat de l’élection présidentielle de 2020 dans l’État de Géorgie.
L’ancien président a fait tomber 18 autres personnes avec lui, dont certains de ses lieutenants les plus fidèles.
Rudolph Giuliani, le bras droit
On dit souvent de « Rudy » Giuliani qu’il a connu deux vies. Maire de New York entre 1994 et 2001, celui qui avait fait front lors des attentats du 11-Septembre avait embarqué toute l’Amérique derrière lui. Plus de vingt ans plus tard, ce descendant d’immigré italien, devenu avocat de Donald Trump, a été happé par la tornade judiciaire qui vise l’ancien président des États-Unis.
Dans l’affaire des pressions pour renverser l’élection de 2020 en Géorgie, il fait face à un total de 13 chefs d’accusation — comme son mentor pour notamment « violation de serment » et « fausses déclarations et faux documents ».
Ancien procureur fédéral du district sud de New York, Giuliani a pourtant longtemps fait la chasse aux malfrats, y compris ceux en cols blancs. On le disait alors aussi incorruptible qu’autoritaire, mais aussi particulièrement répressif à l’égard de la population afro-américaine.
Devenu homme à tout faire de Donald Trump, exubérant et provocateur, il a été le fer de lance des contestations de l’élection de 2020, multipliant les allégations de fraude.
Selon l’enquête préliminaire, c’est même un Giuliani « en état d’ébriété » qui, le soir de l’élection, suggère à Trump de revendiquer la victoire et insuffle l’idée d’élections truquées.
Mark Meadows, l’homme de l’ombre
Mark Meadows, qualifié de « confident » de Donald Trump par le New York Times, est un personnage central dans ce volet judiciaire. Chef de cabinet du président lors des 9 derniers mois de son mandat (mars 2020-janvier 2021), ce natif de Verdun s’est largement activé, dans l’ombre, pour relayer la thèse de la fraude électorale.
En 2021, les audiences du Congrès sur l’attaque du Capitole révèlent que Mark Meadows avait tenté d’intervenir auprès du ministère de la Justice pour mener une enquête sur l’élection.
Pire encore, les enquêteurs l’ont désigné comme l’instigateur d’un appel téléphonique essentiel : celui de Donald Trump à Brad Raffensperger, secrétaire d’État de Géorgie, lui demandant de « trouver 11780 votes » qui lui permettraient de gagner dans cet état du sud des États-Unis.
Jeffrey Clark, le levier judiciaire
Aux États-Unis, Jeffrey Clark n’est pas seulement un ancien procureur général du ministère de la Justice. Il est l’homme dont la perquisition par le FBI a tourné en boucle sur de nombreuses chaînes de télévision, après que son nom est apparu dans les différents épisodes de la tourmente judiciaire de Donald Trump. Et pour cause, en cette journée de juillet 2022, l’avocat ouvre sa porte aux autorités alors qu’il est en slip et se voit refuser l’entrée de son domicile pendant les fouilles.
Le FBI est alors à la recherche de documents qui attestent de ses échanges avec Donald Trump en décembre 2020, alors que les deux hommes sont toujours en poste, une violation de l’indépendance du ministère de la Justice vis-à-vis de la Maison-Blanche.
Les enquêteurs accusent l’ancien président d’avoir utilisé Jeffrey Clark au sein du ministère pour faire progresser l’idée d’une fraude électorale et, d’autre part, refuser la certification des résultats de l’élection en Géorgie.
Antonin Deslandes. Le Dauphiné Libéré. 16/08/2023