Voici deux semaines, je me suis retrouvé en train de visiter une église orthodoxe du Caucase au milieu d’un groupe d’imposants bikers russes appartenant à un gang de motards criminels réservé aux « Blancs ». Couverts de tatouages ne laissant guère de doute sur leur orientation politique bien raciste. D’où l’idée de rappeler à tous ceux qui voient dans la Russie la sauveuse de l’Afrique contre le vilain colonialisme européen qu’ils se fourrent le doigt dans…
Le racisme, donc, est omniprésent en Russie. Même l’État s’en inquiète, puisqu’il diffuse régulièrement une liste des publications interdites, souvent d’ultradroite ou islamistes, et que le Code pénal reconnaît le délit d’incitation à la haine ethnique. Cibles les plus fréquentes : les personnes originaires du Caucase et de Russie d’Asie. Objectif de Poutine : ne rien tolérer de la part de sa droite extrême, question d’image.
Toutefois, le centre Levada, qui étudie l’opinion publique russe et est désormais classé « agent de l’étranger », indiquait en 2018 que 64 % des sondés souhaitaient limiter l’immigration, en particulier celle des Chinois, des Vietnamiens et… des Roms, qui sont parfois originaires du Caucase mais sont souvent des natifs. Le même sondage établissait que le slogan « La Russie aux Russes », approuvé par 10 % des sondés en 2017, l’était par 19 % l’année suivante. Or 2018 est l’année de la réforme des retraites, qui voit monter le mécontentement social dont l’étranger est l’exutoire idéal.
La guerre contre l’Ukraine a fait changer les modes de mobilisation des xénophobes. Entre ceux qui sont partis au front et ceux dont l’hostilité envers les Ukrainiens est devenue l’unique objet du ressentiment, un rapport d’une ONG, le centre Soya (« agent de l’étranger », lui aussi, et dissous en avril dernier), fait état d’une baisse des agressions racistes, du moins celles qui sont connues et judiciarisées, et qui ont lieu dans des régions pour lesquelles des statistiques existent, ce qui exclut le Caucase du Nord.
Il n’empêche : 22 attaques ont été enregistrées en 2022, dont 7 à Saint-Pétersbourg et 5 à Moscou. Six d’entre elles avaient un motif raciste, contre 35 en 2021. Ces chiffres, qui sont ceux fournis par l’État, ne montrent pas la réalité. Entre 2019 et 2021, un groupe néonazi nommé La Ville blanche a été reconnu coupable de 30 actions contre des migrants, dont des attaques contre des Syriens. En 2022, un groupe similaire a été condamné pour avoir diffusé une vidéo devenue virale, intitulée « Exécution d’un Tadjik et d’un Daguestanais » (le Daguestan est une république musulmane du Caucase du Nord).
Depuis la guerre de février 2022, on enregistre des faits d’une autre nature : à Saint-Pétersbourg, un Africain a été attaqué par des gens qui lui ont crié : « C’est à cause de gens comme vous que nos soldats meurent ! » Il a été confondu avec un Afro- Américain… Dans la même ville, un mannequin de couleur devenu célébre a été pris à partie. Même dans l’administration, les dérapages racistes existent : un employé du centre pour l’immigration de Voronej, dans le sud-ouest du pays, s’est ainsi fait remonter les bretelles aprés avoir agressé un Ouzbek, donc citoyen d’un pays allié, issu de l’ex-URSS. Les Ouzbeks, les Tadjiks sont des musulmans. Les habitants de la région
d’Astrakhan, prés de la Caspienne, également. Ils ont affaire à un Mouvement national d’obédience suprémaciste russe particulièrement virulent. Tout cela donne une petite idée des rapports qui pourront s’établir entre les nouveaux maitres du Sahel et des populations à la fois noires et islamisées… Pour être convaincus, les Africains n’ont qu’à demander aux footballeurs du continent qui évoluent dans le championnat russe et dans les compétitions internationales : en 2018, Paul Pogba lui-même avait eu droit aux cris de singe des supporters du Zénith Saint-Pétersbourg.
Jean-Yves Camus. Charlie Hebdo. 09/08/2023
C’est une réalité mais il serait intéressant d’en connaître les causes.
Le racisme nait dans les sociétés destructurées où toutes les valeurs de solidarité, de famille, de respect ont disparu, les partis extrémistes trouvent là un terreau favorable au racisme. Avec l’individualisme forcené créé par l’évolution de notre société, nous y sommes aussi confrontés en France, le FN/RN c’est près de 30% de l’électorat. Il y a des gens qui ont 2 ou 3 chiens et ne ramassent jamais leurs crottes, de gros SUV qui essaient par tout les moyens de passer devant les autres, qui noient leur pelouse alors que l’arrosage est interdit… oui notre société est malade de l’irresponsabilité comme la société russe. Mais c’est notre système avec un état intrusif et infantilisant qui veut ça