En France, on n’a pas de saumon, mais on a des idées.
Les Français, on le sait, raffolent de ce poisson : nous en sommes les plus gros consommateurs au monde, derrière les Japonais. La petite arête, c’est que notre goût immodéré pour les salmonidés plombe notre balance commerciale, vu que la totalité des 175 000 tonnes que nous avalons chaque année est importée, pour un coût de 1,3 milliard d’euros.
Afin que la facture soit moins salée, le gouvernement, avec son plan Aquacultures d’avenir, s’est mis en tête de copier la Norvège, notre principal fournisseur, en construisant des usines à saumons.
Mais, comme on n’a pas de fjords pour élever les bestioles en mer, tout se fera sur la terre ferme, dans de gigantesques bassins. Et tant pis si le modèle norvégien est un cauchemar écologique : non seulement les saumons sont élevés comme des poulets en batterie et bourrés d’antibiotiques pour contrer les maladies dues à la promiscuité, mais ils sont aussi en grande partie nourris avec de la poiscaille sauvage réduite en farine, ce qui détraque la chaîne alimentaire — les 9 millions de tonnes de ce « poisson fourrage » utilisées chaque année dans le monde par l’aquaculture privent de pitance des carnassiers comme le thon ou la morue.
Qu’à cela ne tienne, encouragé par les pouvoirs publics, un fonds singapourien s’apprête à construire à la pointe du Médoc, au Verdon-sur-Mer, un élevage qui produira 10 000 tonnes de saumon par an. Mobilisé contre le projet, le collectif Eaux Secours Agissons, qui a saisi le Parlement européen, s’inquiète des 3 700 tonnes d’eau qui devraient être pompées quotidiennement pour remplir les bassins puis rejetées dans une aire marine protégée.
Pure Salmon avait déjà tenté de s’implanter à Boulogne-sur-Mer, avant de battre en retraite face à l’opposition des riverains, illico remplacé par une autre société, Local Ocean, codirigée par un entrepreneur français associé à un Américain, qui vise une production de 9 000 tonnes de salmonidés par an.
En Bretagne, c’est la start-up norvégienne Smart Salmon qui ferraille avec la municipalité de Plouisy pour implanter son élevage à 8 000 tonnes par an, les élus ayant fait marche arrière après avoir découvert que le projet était trop gourmand en eau et allait occasionner beaucoup plus de rejets que prévu.
Après la ferme des 1 000 vaches, les fermes aux millions de saumons ! Article non signé, lu dans le Canard Enchainé 02/08/2023
En Norvège le saumon d’élevage est déconseillé aux femmes enceintes et il est déconseillé d’en consommer plus de 2 fois par semaine (je suis allé en Norvège en 1985!). Peut-être être faut il en informer nos concitoyens. En ce qui me concerne j’en mange 1 ou 2 fois par an, et à petite dose.