TotalEnergies sans foi ni loi.

On a beau chercher dans le lexique français un mot qui puisse exprimer autant de dégoût et de rage. Aucun ne saurait exprimer la montagne d’irrespect.

TotalEnergies, encore et toujours.

Ces infâmes ont commencé à percer le sol du parc national des Murchison Falls, en Ouganda (1). Il s’agit du début d’un pipeline de 1443 km, l’Eacop, qui sera à l’arrivée le plus grand oléoduc chauffé du monde. Entre Ouganda et Tanzanie.

Le bilan, impossible à faire à ce stade, sera de toute façon désastreux. Il traverse en effet des zones de très grande biodiversité, menace les réserves en eau des lac Victoria et Albert, contraindra environ 100 000 gueux à aller voir ailleurs.

Il faut tenter d’imaginer, bien que ce soit en fait impossible : 426 puits de forage au total, deux nouvelles routes, des milliers de camions poids-lourds. Et des fuites, inévitables.

En face de quoi « Total » à inventer une langue nouvelle – une novlangue, assurément – qui ensevelit le réel sous un flot de paroles fausses (2).

Par exemple :

« produire un impact positif net », ou encore « une attention forte au respect des droits des communautés concernées ».

Pendant ce temps, grâce à Pouyanné – patron de Total – et à ces clones, le monde brûle. Le climatologue Michael E. Mann : « effets [du réchauffement] ne cessera de s’aggraver […] tant que nous continuerons à brûler des combustibles fossiles […] non seulement nous verrons de nouveau record battu, mais ils voleront en éclats sous l’effet de la crise climatique (3) »


Fabrice Nicolino. Charlie hebdo. 02/08/2023


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  3. tinyurl.com/35229sz4

Après lecture de ce texte bon nombres de Français diront (si toutefois ils « pensaient » quelque chose après sa lecture) en quoi ça nous concerne puisque ça se passe en Afrique ? Bah, oui, M’sieurs-Dames, l’activité de cette entreprise dans le monde concerne tous les habitants de la terre, peut-être pas directement, mais nos générations futures à travers le réchauffement climatique… et inutile de dire : « je m’en fous, de toute façon d’ici là, je serai mort ». MC


5 réflexions sur “TotalEnergies sans foi ni loi.

  1. bernarddominik 05/08/2023 / 13h53

    Qui est responsable? L’état Ougandais qui a fait le projet et fait une adjudication, ou Total qui a gagné l’adjudication face à ses concurrents ? Si Total ne l’avait pas remportée, ce serai BP ou Exon … De toute façon on est pas encore prêts à se passer de pétrole. L’état Ougandeis à choisi, en connaissance de cause. Il faut arrêter de prendre les Africains pour des naïfs irresponsables.

    • Libres jugements 05/08/2023 / 16h13

      Peut-être faut-il prendre le problème à l’envers, Bernard. Plutôt que de pomper les ressources d’un pays même s’il y a des revenus qui lui reviennent directement (Sous quelle forme d’ailleurs, pour le bénéfice de qui ?) n’aurait-il pas mieux valu que l’exploitation et traitement des ressources se fassent sur son sol. Peut-être aurait-il donné du travail à certains, peut-être aurait-il évité misère, migration… D’autre part la Tanzanie qui ne fait qu’autoriser le passage d’un pipeline sur son territoire est certainement le dindon de la farce.

      Une question Bernard, pourquoi ne remets-tu jamais en question le systeme Financier international ?

      • bernarddominik 05/08/2023 / 18h35

        Comme quelques millions de français j’ai une voiture à essence (petite et hybride) et là où j’habite elle est indispensable. Les voitures électriques ce n’est pas au point. Il faut donc être logique avec soi même, sans pétrole pas de voiture. En ce qui concerne l’Ouganda, si ce n’était pas total c’était un autre. S’attaquer à total me paraît donc absurde. Pour la finance, je pense que tu parles des bénéfices et non pas des banquiers, personne ne travaille pour rien. Le seul système où la propriété privée est limitée c’était l’URSS, elle a pourri l’URSS avec ses déchets nucléaires, fait mourir des millions de personnes parce que dans ce système l’individu n’est rien, alors je ne vois pas d’alternative, autre que la limitation par la puissance publique, que le capitalisme sous forme collective (les coopératives) ou non (les entreprises par action). Je préfère le système cooperatif mais les états font tout pour le rendre inopérant. Alors il faut tristement être réaliste : autant que ce soit total (qui fait vivre des milliers de familles françaises) que BP.

        • Libres jugements 06/08/2023 / 14h45

          Bernard, même si le paradoxe fait que nous sommes dans l’obligation pour beaucoup vivant en ruralité notamment (mais pas que, hélas !) d’utiliser des véhicules personnels alors que nous pourrions – nous devrions – le faire via des transports en commun (roulant éventuellement soit électricité, soit énergie fossile, voir demain à l’hydrogène). Devant la nécessité de se déplacer dans des véhicules personnels, il nous faut effectivement du carburant.
          En décriant l’attitude de l’entreprise Total; comme toute autre entreprise ponctionnant de l’énergie fossile dans les sous-sols appartenant aux États sans que la population en bénéficie directement et indirectement en main-d’œuvre comme en financement alors que dans le même temps est reproché à ses habitants de chercher à s’expatrier pour essayer de vivre décemment ; je trouve qu’il y a là une attitude a dénoncé.
          Le colonialisme financier pillant les ressources naturelles des états est une plaie mondiale. En faire un constat et une chose, le dénoncer avec force en est une autre.
          Parfaitement conscient que ma supplique est une goutte d’eau — très vite évaporée – mais qu’importe, si quelques personnes y ont prêté attention, c’est le but de ces articles dénonçant ces attitudes accaparantes.

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