Un rêve

Nostalgie, évanescence, utopie, déconnexion sociétale momentanée… ce que vous voulez, mais prenez le temps d’un poétique rêve... la vie est si matérialiste. MC

C’est un jardin extraordinaire
Il y a des canards qui parlent anglais
Je leur donne du pain ils remuent leur derrière
En me disant : « Thank you, very much Monsieur Trenet »
On y voit aussi des statues
Qui se tiennent tranquilles tout le jour dit-on
Mais moi je sais que dès la nuit venue
Elles s’en vont danser sur le gazon
Papa c’est un jardin extraordinaire


Il y a des oiseaux qui tiennent un buffet
Ils vendent du grain, des petits morceaux de gruyère

Comme clients, ils ont Monsieur le Maire et le Sous-Préfet.
Il fallait bien trouver dans cette grande ville maussade
Où les touristes s’ennuient au fond de leurs autocars
Il fallait bien trouver un lieu pour la promenade
J’avoue que ce samedi-là, je suis entré par hasard

Dans, dans, dans ce jardin extraordinaire
Loin des noirs buildings, des passages cloutés
Il y avait un bal que donnaient des primevères
Dans un coin de verdure, deux petites grenouilles chantaient
Une chanson pour saluer la Lune
Dès que celle-ci parut toute rose d’émotion

Elles entonnèrent, je crois la valse brune
Une vieille chouette me dit : quelle distinction.


Maman dans ce jardin extraordinaire
Je vis soudain passer la plus belle des filles
Elle vint près de moi et là me dit sans manières
Vous me plaisez beaucoup,
j’aime les hommes dont les yeux brillent.
Il fallait bien trouver dans cette grande ville perverse
Une gentille amourette un petit flirt de vingt ans
Qui me fasse oublier que l’amour est un commerce
Dans les bars de la cité;

Oui, mais oui, mais pas dans mon jardin extraordinaire
Mon jardin extraordinaire
Un ange du Bizarre, un agent nous dit
Étendez-vous sur la verte bruyère
Je vous jouerai du luth pendant que vous serez réunis
Cet agent était un grand poète
Mais nous préférions Artémise et moi
La douceur d’une couchette secrète
Qu’elle me fit découvrir au fond du bois


Bal de nuit, les oiseaux, les fleurs émerveillées
Artémise, ô Douceur, extase de l’Amour,
Je vous retrouverai ce soir, à la veillée,
Belle et pareille au premier jour,
Et je vous aimerai, sous la clarté lunaire
Du jardin extraordinaire…


Il suffit pour ça d’un peu d’imagination.


Charles Trenet


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