- La vente du groupe au duo Kretinsky-Lacharrière a été actée par le tribunal de Paris et un accord a été signé entre Casino et le consortium de rachat.
- Ballottés entre des résultats catastrophiques, des repreneurs aux intentions opaques et des fonds d’investissement prédateurs, les 50 000 salariés français ne savent toujours pas à quelle sauce ils seront mangés.
Le groupe Casino a annoncé, vendredi 28 juillet, avoir signé la veille un accord de principe avec ses principaux créanciers et le consortium de rachat mené par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky.
Pourtant, les 50 000 salariés français ne savent toujours pas à quelle sauce ils seront mangés. Au lendemain de la validation de la vente du groupe Casino au duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, ils restent dubitatifs.
Une inquiétude accrue jeudi 27 juillet 2023 à l’annonce de la perte nette de 2,23 milliards d’euros au premier semestre 2023, ainsi que la suspension de la cotation de l’action en Bourse du groupe.
« La grande peur, c’est la vente à la découpe »
Combien de magasins seront cédés à la concurrence ?
Si le duo Kretinsky-Lacharrière assurait dans son offre de reprise finale vouloir la « pérennité des emplois dans les magasins et la logistique », la mauvaise santé économique du groupe, qui fête ses 125 ans, pourrait finalement pousser à la vente d’une soixantaine de magasins supplémentaires au groupement des Mousquetaires, à qui 119 points de vente ont déjà été cédés.
Par ailleurs, les repreneurs ont annoncé la vente des activités du groupe en Amérique latine, pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés. Des ventes qui s’inscrivent dans le projet de Daniel Kretinsky, plus intéressé par les 6 000 magasins de proximité (Franprix, Monoprix, Naturalia) que par les hypermarchés en difficulté financière, comme Géant Casino.
Des magasins de la côte Atlantique menacés
« Que ce soit avec Naouri (l’actuel PDG du groupe) ou Kretinsky, la vision stratégique du groupe est de former un axe Paris-Lyon-Paca autour des zones urbaines fortunées : tout ce qui en sortira sera amené à être vendu », explique, lucide, Jean Pastor.
Ainsi, en plus des 180 magasins concernés par les ventes aux Mousquetaires, une autre centaine de supermarchés et d’hypermarchés en France seraient aussi menacés par le projet de Kretinsky. Notamment ceux de la côte Atlantique… ainsi que le siège social de Saint-Étienne (2 500 salariés).
Si les repreneurs jurent vouloir le maintenir, le processus d’externalisation des emplois du siège devrait se poursuivre, dans un bâtiment où les murs n’appartiennent déjà plus au groupe, qui les loue.
Autre acteur amené à jouer un rôle majeur dans la nouvelle direction du groupe : le fonds d’investissement spéculatif Attestor. Ce « hedge fund » britannique est le principal créancier du groupe, après avoir massivement racheté à bas coût la dette. L’objectif : spéculer sur les difficultés de l’enseigne afin de jouer un rôle dans son conseil d’administration et récupérer au passage une partie de sa recapitalisation.
Mission accomplie pour ces financiers prédateurs nourris aux tableaux Excel : non seulement Attestor s’est adossé au duo Kretinsky-Lacharrière dans son offre de recapitalisation et de restructuration du groupe, mais, en plus, le fonds a joué au faiseur de roi en trahissant le trio Niel-Zouari-Pigasse en plein cœur des négociations.
Au passage, le Monde révélait la semaine dernière que l’enseigne allemande Lidl, intéressée par le rachat de centaines de magasins de proximité, avait directement pris contact avec Attestor.
Alexandre Bouyé. Source (Extraits)
💰💔
Très simple: je vend le siège social, l’argent encaissé permet de financer une partie de l’achat de Casino (LBO classique), et je loue des locaux ce qui augmente mes charges et diminue mes impôts. Kretinsky et Lacharriere connaissent la chanson.