[…] Combien de fois a-t-on aperçu le ministre de l’Éducation nationale silencieux, presque transparent, au côté du président lors de ses déplacements ?
La nomination au gouvernement de Pap Ndiaye docteur en histoire, auteur d’un ouvrage remarqué sur la condition noire, avait pourtant été vécue comme un soulagement par le monde enseignant. L’espoir de voir enfin se tourner la page de l’ère Blanquer ou, au moins, d’une forme d’apaisement. […]
Mais nul ne pouvait prédire qu’il se cantonnerait à un rôle de figurant, impuissant à s’emparer de l’enjeu le plus préoccupant du moment : l’avenir de l’école publique, abîmée par la crise du recrutement et le creusement des inégalités.
Un chantier qui n’aura pas été mené, ni même amorcé. Ces derniers temps, se sachant sans doute sur la sellette, le locataire de la Rue de Grenelle avait osé une critique timide du nouveau bac et promis des ajustements en 2024 pour contrer les effets pervers de la réforme. […]
Une arrivée qui a comme un air de déjà-vu : à 34 ans, son remplacement par Gabriel Attal, ancien secrétaire d’État de Jean-Michel Blanquer a fait sien le projet d’un retour à l’ordre et à l’autorité. Artisan du service national universel, il s’est d’ailleurs déclaré favorable à un débat sur l’uniforme.
Et si d’aucuns reprochent à cet ancien élève de l’École alsacienne et fidèle d’Emmanuel Macron son manque de convictions, il a en revanche un sens politique très prononcé.
Reste à savoir si le poste de ministre de l’Éducation nationale sera l’occasion, pour Gabriel Attal, de continuer à se faire les dents… ou de se les casser.
Marion Rousset. Telerama. Source (Extraits)
Un ministre est jugé à l’abattage médiatique. C’est plutôt triste et inquiétant.
La lente agonie de notre École publique et laïque va se poursuivre.
Les éléments de langage vont faire florès. Les seuls bénéficiaires vont être les écoles dites libres, privées d’obligations. D’ailleurs, en contradiction avec l’article II de la loi du 9 décembre 1905, dite de « séparation des Églises et de l’État « , « La République ne connaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », un protocole d’accord a été signé le 17 mai 2023 entre le ministre de l’Éducation nationale et le secrétariat de l’enseignement catholique. Les faits parlent d’eux-mêmes : pénurie d’Institutrices et instituteurs, de directrices et directeurs d’Écoles, professeurs non remplacé(e)s et postes vacants dans les Collèges et lycées, formation initiale bâclée, formation continue inexistante, désorganisation organisée des structures d’Écoles et Établissements, sans évoquer l’enseignement supérieur. Les facs sont transformées « établissements publics à caractère scientifique et culturel, jouissant de la personnalité morale et de l’autonomie financière » toute une philosophie !
Je n’aborde même pas par les grandes écoles, Les Mines, Polytechniques, IEP, l’Institut National du Service Public, INSP (Ex ENA, etc.) ! L’illustration de mes propos peut l’être par l’information donnée par les médias : »La rectrice de Versailles, Charline Avenel, quitte ses fonctions, dans l’Éducation nationale, pour prendre la direction générale du groupe Ionis. Celui-ci est un groupe privé d’enseignement !
Comme pour les hauts fonctionnaires qui passent de la fonction publique vers les Entreprises mondialisées et vice versa.
Tout un programme défini par M. le président de la République jour après jour, crise après crise. Tout en convictions et obstination.
Merci Robert, pour cette analyse.
Amitiés
Michel