Zoom sur la délinquance…

… les médias relatent l’événement façon buzz afin de se « valoriser » aux indices audimétriques.

Les JT ne tentent jamais de connaitre les causes de la délinquance, raison pour lesquelles « les quartiers populaires ne sont traités que sous le prisme de non-lieu, ghetto ou communautaristes »


Dix-huit ans après les révoltes urbaines de 2005, les mêmes procédés journalistiques entretiennent les mêmes fantasmes sur les quartiers populaires. Des choix iconographiques focalisés sur ce qui brûle, un vocabulaire emprunté à la police et appartenant au lexique de la violence, des jeunes contestataires réduits à des pillards ou des émeutiers, et que l’on prend rarement la peine d’interroger.

Comme en 2005, le traitement médiatique des événements […] polarise l’attention sur les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre et efface les causes socio-économiques des révoltes.

Sur BFMTV notamment, l’intervention en plateau de la cheffe du service police-justice, Cécile Ollivier, est accompagnée d’un encart, qui affirme succinctement de source policière : « Ce matin 8 h 16, refus d’obtempérer d’une Mercedes de couleur doré / Un policier se met à l’avant pour le stopper / Le conducteur lui fonce dessus, le policier tire une fois. »

Lorsque la vidéo infirmant la version policière commence à circuler sur les réseaux sociaux, la journaliste de BFMTV tente une explication : « Quand on a les toutes premières informations, on les a par des sources policières. C’est normal, on se dépêche. »

En plus de relayer sans trop de précautions le récit policier, lorsque la colère éclate et embrase les quartiers populaires, les éditions spéciales des journaux télévisés et des chaînes d’info diffusent en boucle les images de pillages et d’échauffourées, au point parfois de faire oublier les violences policières, cause première des révoltes. Comme souvent, les quartiers populaires n’existent dans les médias qu’au prisme de la violence.  


Nordine Nabili, directeur pendant dix ans du Bondy Blog, média participatif […] a observé [que] les sources policières continuent d’être le principal point d’accès vers les quartiers populaires et la voix de leurs habitants et habitantes ne trouve toujours aucun espace d’expression dans l’espace médiatique.

Médiapart : Comment les médias traitent-ils des quartiers populaires ?

Nordine Nabili : Pour l’expliquer, il faut revenir à la façon dont les journalistes sont formés en France. Dans les écoles de journalisme, les quartiers populaires ne font pas l’objet d’un intérêt spécifique, contrairement à d’autres sujets comme l’économie, la politique ou la culture. Très tôt, ils échappent donc à l’attention des jeunes journalistes et ne sont pas dans leurs radars. Dans les rédactions, ces territoires sont aussi la chasse gardée de deux rubriques, la police et la justice. 

De fait, les quartiers populaires sont traités uniquement sous le prisme de la délinquance et du crime, autrement dit de ce qui ne va pas. Et lorsqu’une population est perçue comme déviante, le réflexe du journaliste consiste à ignorer sa parole et à appeler la préfecture de police plutôt qu’un sociologue. 

Ensuite, les quartiers populaires sont des territoires de relégation, majoritairement peuplés par les vagues successives d’immigration. Pour les journalistes, qui se sont souvent rêvés en train de parcourir le monde, traiter de la précarité en banlieue n’est pas valorisant d’un point de vue professionnel, alors que couvrir la pauvreté ou la misère à l’autre bout du monde s’avère plus gratifiant. Cela s’explique aussi par le fait qu’un sujet sur le quotidien des habitants d’un quartier populaire ne fera jamais la une d’un magazine ou l’ouverture d’un journal télévisé. 

Certains médias s’en sortent parfois en y consacrant un hors-série ou une émission spéciale, mais le quotidien des quartiers populaires n’est pas traité. Alors que l’essence du journalisme, qui vient du latin diurnus signifiant journalier, est de montrer l’ordinaire. 

[…]

Comment changer le regard que les médias, et in fine le public, portent sur les quartiers populaires ?

L’incapacité de la presse à saisir les dynamiques politiques à l’œuvre dans les banlieues populaires résulte en partie de la sociologie des rédactions. Comme les journalistes ne se déplacent pratiquement jamais dans les quartiers, leur perception de ces territoires est fondée sur des préjugés. D’où la nécessité d’introduire de la diversité dans les rédactions.

[…]


Yunnes Abzouz. Médiapart. Source (très courts extraits)


5 réflexions sur “Zoom sur la délinquance…

  1. bernarddominik 19/07/2023 / 9h41

    Mediapart confie toujours ses enquêtes sur les banlieues à des journalistes d’origine maghrébine ce qui donne une vision unilatérale de ces problèmes, et quand on fait la remarque Mediapart censure prompt à accuser de racisme toute opinion légèrement différente

    • Libres jugements 19/07/2023 / 11h58

      Allons, allons Bernard, qu’est-ce que c’est que ce commentaire tendancieux, teinté de racisme sous-jacent.
      Son prénom eut-été Kurt, aurais-tu lu plus attentivement l’article, ou du moins ne l’aurais-tu pas commenté d’une autre manière ?

      Attention, nous sommes là dans les pas raisonnés d’un Eric Zemmour qui veut supprimer un certain nombre de prénoms (n’autoriser que les prénoms francisés de la bible, excluant tout autre prénoms se rapportant à d’autres cultes) ; autrement dit le jugement-censure au faciès.

      Je ne laisserai pas le racisme gagner audience sur ce blog. Un mauvais discernement temporaire est possible, pas la continuité des propos.
      Libre de chercher à s’exprimer sur d’autres blogs ou réseaux sociaux.
      Michel

      Est-ce la tendance ultra-droitière de la région où tu habites qui déteint petit à petit sur tes analyses…

      • bernarddominik 19/07/2023 / 14h23

        Tu ne trouves pas étrange que tous les reportages, je dis bien tous, sur les banlieues, Nahel, les Traoré… sont fait par des maghrébins.
        Sûrement un hasard.
        Ma région est à droite, selon l’appellation actuelle, mais aujourd’hui parler de droite ou de gauche me paraît désuet tant notre société est proche de l’éclatement.
        Ma remarque n’est nullement raciste, je constate que 3 présidents sur 4 son énarque, est-ce du racisme ?
        Mon constat sur médiapart est purement statistique, et, quoi qu’on en pense, ces statistiques sont significatives d’un choix délibéré.

        • Libres jugements 19/07/2023 / 15h42

          Afin que personne ne soit naïf, la réalité est que 98 % des médias audios — audiovisuels — écrits, ont une ligne éditorialiste cadenassée par les 3/4 propriétaires qui sont des magnats d’entreprises. Ils plagient le plus souvent la communication gouvernementale et la plus tard du temps affranchissent de l’événement sans en donner les causes, les raisons, les développements possibles.
          Dans les quotidiens, seul l’Humanité se « penche » sur les problèmes de la pauvreté, de l’illettrisme, des ghettos, de « la lutte au quotidien des classes besogneuses », mais aussi des associations caritatives, du travail réalisé par des personnes souvent anonymes essayant de sortir des enfants des ados, des quartiers défavorisés.
          Dans les hebdomadaires, soit il faut dénicher un article ayant échapper à la censure directoriale, soit recourir aux journaux satiriques
          Dans les revues mensuelles, peu vont disserter sur les sujets de société simplement parce que cela ne fait pas vendre, par contre la vie de telle ou telle idole… Pour ma part, seul « Le Monde Diplomatique va au fond des événements, expliquant avec justesses les causes ou raisons de faits.
          Maintenant, en ce qui concerne la signature des articles, que le nom (la signature) de son auteur est une consonance étrangère ne m’intéresse, ne me rebute pas plus que ça du moment que le texte me semble écrit en toute sincérité (et ne signifiant pas, pour autant, celui de la vérité)
          D’une manière générale, et pour clore, aucun support, aucune info, d’où qu’elle vienne, n’est le reflet de la vérité. Par contre, il est du devoir de chacune-chacun de se faire une idée personnelle des événements, de leurs causes, de leurs développements.
          Michel

  2. bernarddominik 20/07/2023 / 16h07

    Une dernière précision, dont Mediapart s’est bien gardée de parler: Nahel malgré ses 17 ans et l’absence de permis de conduire à une quinzaine de mentions dans le fichier des antécédents judiciaires pour des délits routiers: surtout non respects de stops, et 4 refus d’obtempérer. Sa mère qui présente son fils comme « parfait » était au courant de ces actes de délinquance routière, qu’à t elle fait? Aucun de mes enfants n’aurait pu aller jusqu’à 15 interpellations. Cela n’excuse pas son assassinat, mais s’il avait respecté la loi il serait toujours vivant. Je signale aussi que mediapart a jugé ce commentaire raciste, oui raciste selon leur dictionnaire signifie  » qui regarde la totalité des faits ».

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