Les caméras de surveillance suivent Amara Fofana, détenu à la prison de Réau, dans le sud de l’Ile-de-France.
Nous sommes le 27 mai 2019. Sa guitare à la main, il marche dans un couloir, descend un escalier et se présente à la surveillante. C’est son jour de musique, mais son nom n’est pas sur la liste. La fonctionnaire lui demande alors de retourner en cellule. Il insiste un peu puis l’ignore et continue tranquillement son chemin, sa guitare à bout de bras.
Nous le voyons passer sous le portique de sécurité désert et disparaître par la porte qui mène à la salle de musique.
Six gardiens se ruent sur lui. Ils le plaquent au sol, dans un angle mort du couloir. Tous lui écrasent le corps, les jambes, le cou, seuls ses pieds dépassent de la mêlée.
Maintenant, ils sont quinze. Ils le portent comme un sac, menotté, tête en bas, vers la salle de fouille et le quartier disciplinaire, le mitard. Une véritable prison dans la prison.
« Une mort louche »
Il est jeté en cellule à 14 h 48. À 15 h 12, une gardienne regarde par le judas. Amara Fofana est mort. « Décès de type asphyxique par pendaison », constatera le médecin légiste.
« Une mort louche », ont témoigné ses compagnons de captivité. Ils ont même écrit à l’ Observatoire International des Prisons (OIP) pour attester que leur codétenu « donnait de la force à tous » et n’était pas du genre à mettre fin à sa vie.
Quelques jours plus tôt, il avait appelé son frère, tellement content de bénéficier d’un aménagement de peine.
Alors que s’est-il passé entre le moment où Fofana a été placé en cellule disciplinaire et celui où l’on a retrouvé son cadavre ? Nous ne le saurons pas.
Un officier pénitentiaire a effacé ces vingt-quatre minutes de vidéo, car la séquence ne lui aurait rien révélé d’« anormal ».
L’administration pénitentiaire se devait néanmoins de remettre les bandes à la justice, mais celle-ci ne l’a pas exigé. Et, lorsqu’un juge d’instruction a finalement été désigné, la partie civile n’en a pas été régulièrement informée.
D’autres exemples…
Les quartiers disciplinaires, ce sont encore les anciens détenus qui en parlent le mieux.
- « Tout est fait pour te donner le sentiment de ne rien valoir. On te condamne à l’abandon et au déshonneur », déplore Mohamed.
- Christine raconte qu’avant qu’elle inonde sa cellule parce que personne ne répondait à ses cris un maton jouait avec l’hygiaphone : « Vous êtes bien dans le Thalys en direction de Bruxelles, passez votre commande de frites… »
- Sambaly refusait de franchir le portique de la prison de Saint-Martin-de-Ré, certain d’avoir été envoûté. Il délirait. Sept gardiens se sont jetés sur lui. Il est arrivé mort au mitard, étouffé, le pantalon sur les chevilles et couvert d’excréments. Les tueurs ont pris un à deux ans de prison avec sursis.
- Sacha avait volé le contenu de sa caisse de vendeur au supermarché. Avec 2 000 euros, il pensait avoir la belle vie. « Il était jeune, beau, nous dit sa mère, alors il se faisait embêter. » A peine 18 ans, blond, une proie. C’est aux poings qu’il se défendait. Le 27 avril 2021, à cause d’une nouvelle rixe, il a été condamné à vingt et un jours de mitard. Après une première tentative de suicide, il s’est pendu avec ses lacets. Aucun détenu n’entre à l’isolement avec des lacets. Il y avait faute.
La justice a classé sans suite ces affaires
Sorj Chalandon. Le Canard Enchainé. 05/07/2023
De bien tristes affaires. La prison est devenu un lieu de non droit. Mais celui qui a ignoré les lois peut-il encore demander leur protection ?
« celui qui a ignoré les lois peut-il encore demander leur protection ? »
Vous êtes sérieux là !
D’autre part, comment se fait-il que tous les délinquants du gouvernement ne se trouve pas en prison ?
Ou le fils Pécresse, le fils Zemmour, Sarkozy, Palmade et tant d’autres.