Se servir d’une annonce de Manu…

… en la détournant à leurs profits… l’opportunité de rentabiliser l’incompétence !

L’inventaire des 450 médicaments dits « essentiels », dont le gouvernement s’engage à assurer la disponibilité, a rendu malade plus d’un toubib ! Le diagnostic ?

De nombreuses pilules sont jugées inutiles, voire carrément à éviter, et d’autres, primordiales, sont aux abonnés absents. Mais qui a bien pu prescrire pareille ordonnance ?

Le ministère refuse de communiquer les noms des 400 experts qui l’ont élaborée. Et précise au « Canard » : « La méthode utilisée repose sur l’anonymat afin de préserver l’indépendance des sociétés savantes. La Direction générale de la santé n’a pas connaissance du nom de chaque expert mandaté. »

Impossible, donc, de contrôler leurs déclarations de liens d’intérêts, de quoi jeter le doute sur l’opération, à laquelle la Haute Autorité de Santé (HAS) n’a même pas été conviée ! Le projet, piloté par la Société française de pharmacie clinique, ne mentionne ainsi aucune relation avec les grands labos.

Mais, sur le site du dernier congrès de la société, près de 50 industriels apparaissent comme partenaires, dont Gilead, Sanofi, Pfizer, Bayer, Merck ou encore Novartis (« Le Point », 20/6) !

Autre opération transparente : en janvier, Elisabeth Borne avait engagé une mission interministérielle chargée de formuler des pistes pour réguler et financer les produits de santé dans un contexte de pénurie croissante de médicaments.

Six des membres de cette mission avaient été mis en avant, dont Frédéric Collet, présenté comme « ambassadeur France 2030 ». Une omission : il est aussi l’ancien président de Novartis France et du Leem, le syndicat professionnel du milieu pharmaceutique…

Y a prescription…

Ces oublis fortuits et récurrents agacent l’association Formindep, qui sensibilise les acteurs de la santé à l’influence des liens d’intérêts sur leur pratique. Ces liens ne sont pas nouveaux et proviennent parfois de la HAS, qui édite pourtant un guide de déontologie à cet égard.

Le 13 avril, Formindep a épinglé la Haute Autorité à propos d’un avis sur la prise en charge des hypothyroïdies chez l’adulte. Trois des auteurs de cet avis présentaient des déclarations incomplètes.

Oubliés, par exemple, les modestes « avantages » reçus de Sanofi et de Merck, lesquels commercialisent des produits prescrits pour la pathologie en question. La HAS a répondu le 1ᵉʳ juin que le comité de validation des déclarations d’intérêts avait analysé la situation et n’y voyait aucun inconvénient. Ouf ! En 2018, déjà, l’association avait déposé un recours devant le Conseil d’État.

A la suite de quoi la HAS avait dû abroger une recommandation sur la prise en charge des dyslipidémies (troubles endocriniens). L’autorité n’avait pas eu connaissance de l’ensemble des liens d’intérêts de certains experts… Vite, un médoc contre les trous de mémoire !


Fanny Ruz-Guindos. Le Canard 05/07/2023


3 réflexions sur “Se servir d’une annonce de Manu…

  1. bernarddominik 10/07/2023 / 10h50

    La corruption l’incompétence sont donc les 2 mamelles du gouvernement de Macron

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