Aucune guerre n’est justifiée.

POUR LES SEIZE ANS D’ANNE-MARIE

Anne-Marie, le jour de tes seize ans,
Souviens-toi que tu es née sous les bombes, mon enfant.

Oui, souviens-toi, Marie, que tu naquis pendant l’abominable guerre sous les courtines de la terreur
Sur un sommier de chair saigneuse.
Souviens-t’en, souviens-t’en, le jour de tes seize ans
Et ne l’oublie jamais, et qu’il y ait toujours du pain dans ta balance pour annuler le sang, le désastre, la honte et l’injustice qui vers le bas, si lourdement, tirent le monde. Anne-Marie née sous les bombes
Avec ce nom de mère, avec ce nom d’amour,
Avec ce nom de paix et de perpétuité.

Souviens-t’en, souviens-t’en quand tu iras dans les autres mondes, en week-end, et que je serai mort depuis longtemps.
Ces étoiles, là-haut, ressemblent aux mitrailles
Qui crevaient les plafonds la nuit de ta naissance.
Retiens de pleuvoir sur l’homme des labours et des garages, des usines et des fumées,
Toujours le même, mon enfant,
Dans le chef-d’œuvre si vulnérable de sa peau, dans le miracle de sa pensée à chaque instant sauvée des eaux.
Sois tout amour, Marie, toi qui naquis pendant l’abominable guerre.


Jean Rousselot (1913-2004) – (Extraits)


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