Rappelons les trois ingrédients de l’amère potion du Dr Pisani-Ferry, auteur d’un rapport de référence sur la transition écologique.
- Un : la transition climatique représente un « choc économique négatif ».
- Deux : « Ceux pour qui la transition sera la plus contraignante, car elle porte sur des besoins essentiels (se loger, se transporter, se nourrir), ce sont donc les classes populaires. »
- Trois : tout cela va coûter un pognon de dingue (1).
Surtout que l’ami Jean sous-estime considérablement la note à payer, puisqu’il se limite à la transition énergétique, c’est-à-dire au basculement vers les énergies renouvelables, à l’isolation des bâtiments et à l’électrification des transports.
Rien n’est dit des « coûts » à venir de la disparition accélérée des piafs, de l’érosion des sols, ni de la réparation des maisons individuelles fissurées, ou de l’indemnisation des personnes inondées un jour sur deux.
Pour Jean, la facture, c’est 66 milliards d’euros par an. Vous voyez l’Éducation nationale ? Eh bien, financer la transition écologique, c’est encore plus que ça. Et, si l’on prend en compte l’ensemble des facteurs ci-dessus ainsi que les coûts sanitaires de la pollution et des pesticides, on est largement au-dessus des 100 milliards. Annuels, notez bien.
Pour Jean, la facture, c’est 66 milliards d’euros par an. Vous voyez l’Éducation nationale ? Eh bien, financer la transition écologique, c’est encore plus que ça. Et, si l’on prend en compte l’ensemble des facteurs ci-dessus ainsi que les coûts sanitaires de la pollution et des pesticides, on est largement au-dessus des 100 milliards. Annuels, notez bien.
Ces sommes, l’État ne les a pas. Les solutions sont simples : la mobilisation de l’épargne ; la taxation ; ou l’endettement. On aura sans doute les trois. La plus simple d’entre toutes, ce serait que l’État organise un énorme pompage de l’énorme épargne, en la dirigeant vers des investissements écologiques. Dans l’Histoire, les emprunts forcés ont existé. Ils sont donc possibles. Mais, ils n’ont pas laissé un souvenir formidable à Bercy, puisqu’ils ont plutôt ruiné l’État et gavé les épargnants.
Il existe cependant un autre système, efficace, dédaigné dans la plus grande joie depuis la jouissive « marche vers la monnaie unique » des années 1990 : le circuit du Trésor. Comme l’explique le sociologue Benjamin Lemoine, l’idée est simple : alimenter continûment les caisses publiques au moyen de contraintes imposées aux acteurs privés (2).
Ainsi, les dépôts effectués par les entreprises et les particuliers auprès de ceux que l’on appelle alors les « correspondants du Trésor » – c’est-à-dire la Caisse des dépôts, la Caisse d’épargne, le Crédit agricole ou le Crédit foncier de France — approvisionnent non-stop en liquidités le Trésor public. Quoi ? me dites-vous, mon argent va à l’État sans rien me demander ?
Ben oui. Sachez que c’est exactement ce que fait votre banque lorsqu’elle utilise votre compte courant pour acheter des actions Tesla. Et, dans les deux cas, il ne s’agit que de liquidités : on vous prend certes votre argent sans rien vous dire, mais on vous le rend après, et vous ne vous apercevez de rien.
De plus, à l’époque, les banques devaient détenir en permanence dans leur portefeuille de titres un montant minimum (appelé le « plancher ») d’obligations émises par l’État, c’est-à-dire de dette publique. C’est notamment grâce à cet ingénieux système que la France a connu durant trois décennies la période la plus heureuse de son histoire récente, les fameuses Trente Glorieuses. Mais, Emmanuel Macron ne connaît pas le circuit de L’homme, après avoir supprimé l’ISF en 2017, vient de se prononcer pour un « ISF mondial (3)».
On se marre bien, à l’Élysée, hein !
Gilles Raveaud. Charlie Hebdo. 28/06/202
- « Jean Pisani-Ferry : « Nous préconisons un impôt exceptionnel sur le patrimoine fmancier des plus aisés pour la transition climatique » », propos recueillis par Audrey Tonnelier (Le Monde, 22 mai 2023). Le contenu de l’entretien est mille fois plus intéressant que ce que laisse penser le titre choisi par Le Monde.
- « Dette publique, débat confisqué. Pourquoi la France emprunte-t-elle sur les marchés ? », par Benjamin Lemoine (laviedesidees.fr, 12 février 2013).
- « Macron envisage un ISF mondial », par Thierry Fabre (Challenges, 21 juin 2023).
🖤
C’est le genre de proposition qu’on appelle une offre de gascon. Il sait pertinemment que çà ne passera pas, mais il n’a pas conscience que ça le décredibilise, car à force de faire des propositions inutiles il passe pour un gigolo et la France avec.