Les choses aussi ont des choses à dire
On dirait la semelle d’une chaussure qui claque et qui s’ébroue
Un gros dindon qui déglutit, un tabouret qui se secoue
Mais, non, ce sont des mains qui tapent
Et, qui égorgent en toute hâte
Le cou d’une oie
Le palmipède que l’on dévisse, s’ébat, secoue la tête
Ce dit que c’est bien trop triste
De finir comme une chouette
Ça craque, ça pisse, ça saigne
Ça n’a même pas moufté
Et l’eau qui geint qui se noie dans mon bidon
Le tuyau d’arrosage étendu sur le gazon
Ah, le coquin, arroser tout le jardin
Tout nu debout pissant sur le terrain
Et la poubelle sale traînée
Qui crie quand on la tire sur le gravier
Mais elle a disparu
Comme le dindon, je ne l’entends plus
Je n’entends plus que le jardin sans tondeuse et sans chien
Quel tableau, quelle poésie
Et tous ces bruits de bazar
C’est dégoûtant cette vie
Je préfère encore Mozart
Sophie Marceau. Recueil « La Souteraine ». Ed Seghers
J’ai rien compris mais c’est bien dit