Réguler le pet des vaches !
C’est sûr, vous avez vu : la Cour des comptes réclame une baisse du cheptel bovin en France (1), et une réforme des aides massives au secteur, sans lesquelles ce dernier se serait déjà effondré. Ça a l’air bien, mais c’est très con, c’est-à-dire technocratique en diable. Et c’est ainsi que le dossier est traité depuis des lustres.
Au moment où de Gaulle revient au pouvoir en 1958, l’élevage devient une priorité, car il offre un avantage comparatif évident dans l’Europe toute récente. Il permet des exportations massives vers l’Italie, et surtout l’Allemagne. L’élevage va dégager des profits colossaux, et croître gentiment de 2 % par an. La France compte alors 20 millions de bovins. Jusqu’au grand retournement.
En 1983, le cheptel atteint 23,5 millions de bêtes, et ne cesse depuis de baisser. On en est à 17 millions. Est-ce trop ? Pas assez ?
En 1960, le secrétaire d’État au Commerce intérieur, Joseph Fontanet, lance une grande campagne publicitaire « dont l’objet sera de développer rationnellement la consommation de viande ». Elle sera appelée « Suivez le bœuf… » et déclinée ad nauseam sur les radios, à la télé, dans les journaux. Sur le mode « Suivre le bœuf, c’est aller chez un boucher qui fait la chaîne et limite ses prix pour baisser le bœuf. Suivez le bœuf ! ». Ainsi fut.
Maintenant, la Cour des comptes veut autre chose.
Sans la moindre analyse fine de ce qui s’est passé, sans bilan écologique véritable de cette gabegie, qui occupe, rappelons-le, 150 000 km² en France, soit la moitié de toutes les surfaces agricoles. Dingue, non ? Ce pourrait être l’occasion d’un grand débat national sur l’usage des terres à l’heure du bouleversement climatique, mais il n’aura pas lieu. Ainsi qu’on le sait, ces questions sont cadenassées.
Admettons que l’on suive la Cour des comptes. Que se passerait-il ?
Sans l’ombre d’un doute, une explosion des importations de bœuf brésilien, argentin, paraguayen, « produit » direct de la déforestation. La France importe 25 % du bœuf qu’elle consomme, et les chiffres s’envolent : + 15,3 % en 2022.
Fabrice Nicolino. Charlie hebdo. 07/06/2023
Il n’y a pas de mystère il faudrait réguler la consommation de viande, et donc rétablir les tickets de viande? Sans cette régulation il faut produire plus.
Y aurait-il du révisionniste en toi, d’une nostalgie des années 40 – 55 ?