Libres jugements

L’écologie version Macron et sénateurs…

Le 11 mai, Emmanuel Macron appelait, lors de sa présentation du plan « Accélérer notre réindustrialisation », à une « pause » dans la réglementation environnementale européenne. Mardi 16 mai 2023, c’était au tour du Sénat, dominé par la droite, d’opérer non pas une pause, mais un brutal rétropédalage, en rouvrant grand la porte aux pesticides.

Malgré l’opposition des élus écologistes et de gauche (parmi lesquels Joël Labbé, porteur en 2014 de la loi Labbé contre les pesticides), la proposition de loi en faveur de « la ferme France », défendue par Sophie Primas (LR), présidente de la commission des affaires économiques, a été adoptée à la majorité.

Entre autres mesures phares, le texte permet au ministre de l’Agriculture de suspendre l’interdiction de pesticides décidée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Il autorise la pulvérisation de produits phytosanitaires par drones (plus efficaces qu’un pulvérisateur terrestre) et propose de repousser à 2025 le moment où les menus des cantines devront proposer au moins 20 % de bio.

Pourtant, en 2012, le Sénat pointait les ravages des pesticides sur la santé dans le cadre d’une mission sénatoriale, lancée par Joël Labbé et dirigée par… Sophie Primas.

Lundi 15 mai 2023, une étude scientifique majeure, publiée dans la revue américaine Proceedings of The National Academy of Sciences, démontrait que les pesticides et engrais utilisés par l’agriculture intensive sont le premier ennemi des oiseaux européens.

En près de quarante ans, 60% des populations des oiseaux des champs ont disparu.

Les sénateurs ont décidé de fermer les yeux. Preuve, s’il en fallait, que la bataille face aux géants de l’agrochimie reste loin, très loin d’être gagnée

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Weronika Zarachowicz – Télérama N° 3828

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