Tabac, ce fléau

La lutte contre le tabagisme coûte cher… mais rapporte encore plus

Mois sans tabac, paquet neutre, hausse du prix des cigarettes… Selon une étude de l’OCDE pour Santé publique France, la politique de lutte contre le tabac engagée en France depuis 2016 permettra, à long terme, d’économiser quatre euros pour chaque euro investi.

Les Français fument beaucoup, mais moins qu’avant. En 2022, près de 25 % des 18-75 ans fumaient quotidiennement, contre 30 % en 2016. Et les diverses mesures de lutte anti-tabac prises par les pouvoirs publics ces dernières années ne sont sans doute pas étrangères à cette baisse de la prévalence du tabagisme.

Création du « Mois sans tabac » en octobre 2016, introduction du paquet neutre en 2017, hausse continue du prix des cigarettes entre 2018 et 2020, remboursement des substituts nicotiniques depuis 2019… La hausse de la fiscalité du tabac, les aides financières au sevrage tabagique et les campagnes de marketing social impulsées par Santé publique France ont contribué à réduire le nombre de fumeurs en France.

Mais ces mesures ont aussi un intérêt économique, selon des simulations réalisées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et dévoilées ce vendredi. Si elles étaient maintenues sur la période 2023-2050, elles permettraient d’éviter « 4 millions de cas de maladies » (troubles musculosquelettiques, infections des voies respiratoires, cancers, etc.) sur cette période et d’économiser « 578 millions d’euros par an en dépenses de santé, soit par exemple 18 % du budget santé de la région Bourgogne-Franche-Comté.

Objectif génération sans tabac en 2032

Certes, toutes ces actions de lutte contre le tabagisme ont un coût, estimé à 148 millions d’euros par an (dont 132 millions pour le seul remboursement des patchs, gommes et autres pastilles à la nicotine). Mais à long terme, il sera largement compensé : « Pour chaque euro qu’on investit, on va pouvoir économiser quatre euros en réduction de dépenses de santé, du fait qu’on a moins de maladies à traiter », assure Marion Devaux, de la Division de la santé de l’OCDE.

Ce potentiel retour sur investissement offre « des arguments supplémentaires » en faveur d’une politique « ambitieuse » de lutte contre le tabac, se réjouit François Beck, le di­recteur de la prévention chez Santé publique France. Aujourd’hui, la France, est « un petit peu en retard » par rapport à d’autres pays pionniers, comme l’Australie, admet Francesca Colombo, la cheffe de la Division de la santé de l’OCDE. Et les derniers chiffres disponibles montrent que la consommation de tabac ne baisse plus, mais stagne depuis la crise sanitaire.

Autant dire que les autorités devront mettre les bouchées doubles si elles veulent parvenir à une génération sans tabac en 2032, comme s’y est engagé Emmanuel Macron. Le prochain Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), attendu prochainement, sera déterminant.

Il semble toutefois invraisemblable que l’interdiction pure et simple de la consommation de tabac, suggérée dans le rapport de l’OCDE, y figurera. Cette mesure permettrait d’économiser chaque année 5,4 milliards d’euros rien qu’en dépenses de santé. Quant à susciter l’adhésion de la population, c’est une autre paire de manches…


Léa Guyot. Le Dauphiné Libéré. 16/06/2023


2 réflexions sur “Tabac, ce fléau

  1. bernarddominik 17/06/2023 / 10h11

    C’est compliqué car la raison et la rationalité ont peu de place dans l’esprit de nombreux jeunes et moins jeunes. C’est à l’adolescence qu’on devient, ou pas, fumeur. Si des sanctions immédiates étaient prises à l’encontre de ceux qui donnent ou vendent du tabac eux adolescents, avec confiscation des paquets de cigarette, ça aurait plus d’impact.

  2. christinenovalarue 17/06/2023 / 10h39

    Lutter contre le tabac, peut-être aussi serait-ce lutter contre la déprime ambiante qui pousse à fumer.. Macron a du 🍞 sur la planche 🤭😛

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