Ils préparent la nationalisation d’EDF

Court-circuit le 4 mai ? Ce jour-là, les députés examineront une proposition de loi « visant à protéger le groupe Electricité de France d’un démembrement ».

Déposé par le député PS Philippe Brun, ce texte a déjà été adopté en commission des Finances, le 12 avril, par une majorité contre l’avis du gouvernement. Une première depuis le début de cette législature.

But de cette proposition de loi : empêcher l’Etat – qui s’apprête à redevenir l’actionnaire unique d’EDF grâce à une OPA à 9,7 milliards d’euros -de démanteler l’entreprise en revendant ses activités les plus rentables, comme les énergies renouvelables.

Un (gros) grain de sable dans la turbine ? Commandé au printemps 2022 par EDF à un cabinet indépendant (Finexsi), le rapport montre que certains acteurs de cette opération « renationalisation » étaient bien choisis. Ce document de 242 pages, dans lequel « Le Canard » s’est plongé, a été remis à l’automne 2022 à l’Autorité des marchés financiers.

Énarques connectés

On y découvre notamment que l’Etat s’est attaché les services de BNP Paribas et de Goldman Sachs, alors que l’électricien a fait affaire avec Lazard. Le document liste l’ensemble des participants à ces rencontres. Plusieurs d’entre eux possèdent des liens avec, d’une part, l’Agence des participations de l’Etat (PAPE, service de Bercy qui gère les investissements de la puissance publique dans de grandes entreprises) et, d’autre part, les banques conseillant cette opération et qui vont, pour cela, empocher de gros honoraires. C’est ainsi le cas de l’un des directeurs adjoints de l’APE, chargé, notamment, de veiller sur les actions de l’Etat dans l’énergie. Auparavant, l’homme bossait pour la banque Lazard ­autrement dit, la banque qui conseille EDF dans ses relations avec l’Etat actionnaire. Le responsable du dossier pour la BNP est également très au courant. Lui qui usinait à l’APE en qualité de chargé de l’énergie s’occupe maintenant des fusions-acquisitions pour la zone Europe. Son homologue chez Lazard, a priori concurrent de la BNP, a lui aussi fait ses classes à l’APE.

Ce n’est pas de l’Elysée que viendront les critiques sur les liens de l’Agence des participations avec le monde de la finance. En tout cas pas d’Alexis Kohler, le secrétaire général du Château, qui, deux ans durant, fut le sous-directeur de l’APE. Aucun danger non plus du côté de l’Agence elle-même. Pour conduire cette renationalisation, le représentant de l’Etat se nomme Alexis Zajdenweber. « Commissaire » —c’est-à-dire numéro un — de l’APE depuis septembre 2022, il a passé tout le premier quinquennat de Macron à l’Elysée, où il occupait les fonctions de conseiller économie, finances et industrie du chef de l’Etat. Auparavant, ce quadragénaire énarque avait fait ses classes — déjà — à PAPE, comme « directeur participations énergie ».

Tout s’éclaire…


Didier Hassoux. Le Canard enchaîné. 26/04/2023


2 réflexions sur “Ils préparent la nationalisation d’EDF

  1. bernarddominik 04/05/2023 / 10:05

    Macron n’est qu’un bandit au service de la grande finance.

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