Retraite : bis et cætera…

Prêts pour une nouvelle réforme des retraites ?

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) doit se réunir le 20 avril pour préparer son prochain rapport, qui paraîtra en juin. Son président, Pierre-Louis Bras, a envoyé, le 12 avril, aux 41 membres de l’institution, un « document de travail » en sept points pour actualiser les prévisions du Conseil.

Horreur ! ces modifications seraient susceptibles d’alourdir, en 2032, le déficit des retraites d’une bonne douzaine de milliards, soit à peu près le montant des dépenses que la réforme, promulguée le 15 avril par Macron, permettait d’éviter, assurant l’équilibre des comptes.

Le premier changement porte sur l’utilisation des futures économies réalisées par l’État par la baisse du nombre des départs à la retraite des fonctionnaires, après la génération baby-boom. Une convention – dite « Effort de l’État constant » – prévoyait jusqu’alors que ce gain, de l’ordre de 0,2 point de PIB (un bon 5 milliards d’euros), pourrait être distribué à tous les régimes pour les aider à combler leurs déficits.

Rien ne garantit, à l’avenir, que cette convention soit maintenue, avec à la clé une probable « diminution des apports de l’État au financement du système des retraites », précise le document, c’est-à-dire une augmentation du déficit.

Sombres visions

Deuxième recadrage ? Le taux de chômage : plus celui-ci est élevé, moins il y a de cotisations de retraite et plus le déficit s’accroît. Le taux retenu cette année par le COR (qui suivait en cela les prévisions gouvernementales) s’élevait à 4,5 % jusqu’en 2027. Un peu trop beau, puisque le taux de chômage, actuellement fixé à 7,2 %, pourrait remonter à 8 %

en 2024. En fonction des prochaines prévisions fournies à Bruxelles par le gouvernement dans son Pacte de stabilité, le COR envisage de miser sur un taux compris entre 5 et 7 %. Résultat : une possible augmentation du déficit de 5 à 7 milliards.

Par ailleurs, le COR juge (entre les lignes) que la purge que le gouvernement, selon les documents budgétaires, s’apprête à administrer aux fonctionnaires est irréaliste. Selon les calculs du Conseil, le traitement indiciaire des fonctionnaires va baisser de 10,7 % d’ici à 2027, alors que le pouvoir d’achat des salariés du privé augmenterait, lui, de 2 % ! Conséquence : le COR va proposer une variante dans laquelle « les rémunérations des fonctionnaires (à charge pour l’État de les augmenter) évoluent parallèlement à celles du secteur privé ».

Ce qui entraînerait une hausse du montant des retraites publiques calculées sur les six derniers mois d’activité – des cotisations de l’État, et du déficit. En passant, le COR à la délicatesse de ne pas remettre en question l’augmentation de la productivité (donc de la richesse nationale et, partant, des cotisations retraite), prévue pour atteindre 1 % par an, alors que la moyenne annuelle enregistrée depuis dix ans ne dépasse pas 0,3 %.

Le volume des cotisations de retraite risque donc de ne pas atteindre le niveau envisagé, d’où un trou supplémentaire.

Solution : une nouvelle réforme des retraites ?


Hervé Martin. Le Canard enchaîné. 19/04/2023


3 réflexions sur “Retraite : bis et cætera…

  1. bernarddominik 25/04/2023 / 10h49

    On voit très bien les incohérences des calculs de Macron. Mais les français s’attachent plus aux apparences qu’aux réalités, ce qui compte c’est le niveau des pensions, et il faut dire que la pension du régime général c’est la moitié de la pension moyenne sur les 25 meilleures années, soit 700€ mensuels pour un smicard qui recevrait 1200€ s’il a pendant 42 ans travaillé au smic. Le maximum est la moitié du plafond de la SS soit 1800€ bruts soit 1600€ et bizarrement même en ayant travaillé 43 ans avec un salaire toujours au dessus du plafond et 3 enfants la pension CARSAT fait 40% du plafond. Donc de toute façon ils auront toujours un moyen de diminuer les pensions. Ils nous bassinent avec de perpétuelles réformes, toujours contestées, mais les pensions diminuent par les miracles du calcul, tout ça pour nous pousser à investir dans des fonds de pension

  2. Jeanne Schmid 25/04/2023 / 23h52

    Bonsoir Michel et merci pour votre réponse.
    Je vous intègre bien volontiers à la liste des abonnés à mon infolettre. Sauf que…..
    Je ne retrouve plus votre adresse e-mail.
    Au plaisir de vous lire bientôt, et désolée de caviarder encore une fois votre zone de commentaires !
    Bien à vous
    Jeanne

    • Libres jugements 26/04/2023 / 11h18

      Bonjour Jeanne, merci pour la réponse.
      Mon adresse blog est claire : https://librejugement.org
      Quant à mon adresse de correspondance, elle est lisible dans le bandeau du haut, en-tête de blog Rubrique : « nous joindre »
      Cordialement
      Michel

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