Attention : les propos qui suivent sont de Samuel Gontier. Il critique à sa manière, dans un humour au second degré, les émissions qu’il supervise. On peut ne pas apprécier ces propos. Libre à chacun. MC
« Ces gens-là sont d’extrême gauche ! C’est des militants ! » Jean-Marc Morandini est outré. Après que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a mis en cause les financements publics de l’association, l’animateur de CNews est allé « sur le Twitter de la Ligue des droits de l’homme. Regardez la photo ! Elle est pas innocente, cette photo ! » Des policiers y chargent une foule de manifestants pacifiques. « Regardez, photo suivante, un manifestant blessé. Par qui ? Par les policiers, évidemment, parce que c’est les méchants ! » C’est un complot.
« Voilà, c’est ça, la Ligue des droits de l’homme ! Ils sont pas Ligue des droits de l’homme, ils sont Ligue anti-flic. Ce ne sont pas des gens neutres et objectifs ». Au contraire de Morandini. « C’est normal que Gérald Darmanin s’interroge sur les subventions publiques. — Nous n’avons pas à financer des ennemis de la République », valide Jonas Haddad, élu Les Républicains. Dans Face à l’info, Mathieu Bock-Côté relève que, pour dédouaner la LDH, son président a citéle Défenseur des droits. «Il ajoute les références au Conseil de l’Europe et à l’ONU. Nous comprenons qu’il y a une nébuleuse droit-de-l’hommiste radicale qui cherche à incapacité l’État. » Il faudrait supprimer les financements publics à l’ONU.
L’éditorialiste note que la LDH « s’est félicitée de la condamnation pour haine raciale d’Éric Zemmour. Autrement dit, elle se réjouit de la censure politique ». On ne peut plus rien dire de raciste. « Elle se réjouit de la condamnation de Valeurs actuelles dans le procès Obono. Moi, je me dis: droits de l’homme égale liberté de la presse, d’expression… Mais pas du tout ! La LDH s’enthousiasme quand vient le temps de censurer un journal. » Qui exerce son droit à l’injure publique à caractère raciste. Comble de l’horreur, « ils écrivent tout cela en écriture inclusive ! Si l’État finance la Ligue des droits de l’homme, il doit aussi financer une association d’identitaires. La Ligue des droits de l’homme est à gauche ce que Génération identitaire était à droite ». Les ratonnades en moins.
Quatre jours plus tôt, Christine Kelly demande à l’expert de définir une expression employée par Gérald Darmanin. « Qu’est-ce que le terrorisme intellectuel de l’extrême gauche ? » « Relativisme », « inversion des valeurs », « diabolisation de la France », résume Mathieu Bock-Côté, qui félicite le ministre : « C’est un bon usage de ce concept ». Il pourrait être éditorialiste sur CNews. « Ce concept a une histoire, il nous vient de Jean Sévillia, auteur en 2000 du livre Le Terrorisme intellectuel. En 1945, l’extrême gauche confisque la victoire contre le fascisme et le nazisme. Les gaullistes, les conservateurs, les libéraux sont laissés de côté ».
Cantonnés au gouvernement. « Ya un consensus idéologique qui s’établit autour d’une interprétation falsifiée du fascisme, considéré comme le mal politique suprême. » Malgré ses bons côtés. « Ce terrorisme intellectuel, c’est un système totalitaire mais d’un totalitarisme patelin, hypocrite, insidieux. C’est le politiquement correct, la manie de confiscation du débat exercée par une petite clique d’intellectuels de gauche et finalement la peur règne dans les médias ». Sauf sur CNews.
Christine Kelly interroge : « On est obligé de mettre « intellectuel » ? Quand on voit la définition du mot terrorisme, pas besoin de rajouter « intellectuel ». — Je suis absolument d’accord ». On ne compte plus les morts. L’éditorialiste fulmine : « Le journal 20 Minutes prétend que c’est un concept d’extrême droite ! Inventé par Jean Sévillia ! Récupéré par Marion Maréchal !» 20 Minutes se trompe: l’expression « terrorisme intellectuel » apparaît à la fin du XIXᵉ siècle pour en accuser les juifs, les francs-maçons puis les marxistes. « Ce concept, on le diabolise. C’est ça, le terrorisme intellectuel ». C’est prétendre qu’il a un quelconque rapport avec l’extrême droite.
« Revenons à Gérald Darmanin, propose Christine Kelly. Sa dénonciation du terrorisme intellectuel suffira-t-elle pour le faire reculer ? — Non. Courage, camarade Darmanin ! Encore un effort pour être véritablement réactionnaire. » Et digne de CNews. « Pour réussir à combattre vraiment le terrorisme intellectuel, il faudrait condamner ceux qui le légitiment, le théorisent, le pratiquent à l’université, à l’école, dans les médias ».
Une épuration s’impose
Samuel Gontier. Télérama N° 3823. 19/04/2023