On savait, depuis le scandale Orpea, nos aînés maltraités dans certains Ehpad. On ne peut désormais plus ignorer le sort des enfants dans certaines crèches.
L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié, le mardi n avril, un rapport terriblement préoccupant sur les risques élevés de maltraitance dans ces établissements.
Cette mission d’évaluation fait suite à un drame : à l’été 2022 une fillette de 11 mois est morte, forcée de boire de la soude par l’employée d’une crèche lyonnaise qui en avait la garde.
L’Igas a mené une enquête dans une quarantaine de lieux d’accueil et interrogé plusieurs milliers de professionnels.
Les conclusions sont sans appel : graves inégalités entre les territoires, insuffisance de salariés, formation trop faible et en inadéquation avec les avancées de la recherche en matière d’éveil.
Les témoignages de maltraitances sont éprouvants : humiliations, violences, tant verbales que physiques, alimentation forcée…
Le rapport révèle un épuisement des professionnels en manque de reconnaissance. Surtout, il établit un parallèle assumé entre la grande vieillesse et la petite enfance, ces deux extrêmes de la vie pareillement malmenés, dont les prises en charge sont souvent confiées à des gestionnaires privés, privilégiant économies et bénéfices au détriment d’une qualité de soins.
Pour l’Igas, la maltraitance dans les crèches est donc institutionnelle, et il est urgent de considérer les bébés comme des personnes en situation d’extrême vulnérabilité et dépendance, et de repenser leur accueil en conséquence.
Lors de sa campagne en 2022, Emmanuel Macron avait déclaré vouloir faire de la protection de l’enfance une grande cause de son second quinquennat. Il reste quatre ans
Julia Vergely – Télérama. N° 3823 – 19/04/2023
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