Big Brother à Téhéran

Plus question de faire des incartades aux règlements.

À Téhéran, les mollahs perdent patience.

Les femmes, de plus en plus nombreuses à défier le code vestimentaire obligatoire en Iran et à refuser de se voiler (« Le Figaro », 8/4) depuis la mort en détention de la jeune Mahsa Amini, vont devoir affronter, après des forces de l’ordre portées sur la brutalité, des caméras « intelligentes » placées dans les lieux publics.

Il s’agit ni plus ni moins de la bonne vieille reconnaissance faciale, largement expérimentée en Chine pour inciter les citoyens à avoir la conduite la plus vertueuse possible. En Iran, les femmes en cheveux seront donc identifiées puis « informées des conséquences judiciaires en cas de récidive ». On a une petite idée de ce que ça pourrait être.

Le chef de la police iranienne a tenu à préciser que les automobilistes seraient également mis en garde si une ou plusieurs des passagères enlevaient leur bout de tissu dans leur voiture. Il est prévu de saisir leur véhicule en cas de récidive. Malins, les mollahs : frapper toute la famille pour briser le soutien des hommes aux femmes en lutte, pas mal.

On ignore s’ils comptent installer des caméras dans les halls d’immeuble et dans les salles de bains. La semaine dernière, une vidéo ayant largement circulé sur les réseaux sociaux montrait un homme en train de verser un pot de yaourt sur la tête de deux jeunes dévergondées sorties sans leur bout de tissu.

Un nouveau jeu, peut-être ? Ça aurait pu être marrant : yaourt pour les filles, mousse à raser pour les mollahs. Mais non, ils n’ont pas réussi à conserver longtemps cet humour potache.


Article signé des initiales A.-S. M. le Canard enchaîné. 12/04/2023


Tout extrémisme religieux est à exclure. MC


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