Une décision avant tout politique pour J-L Romero-Michel…
Des explications… n’engageant que son auteur !
Le 2 avril, 75,6 % des membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie se prononçaient en faveur d’une aide active à mourir (suicide assisté ou euthanasie), en plus d’un développement des soins palliatifs. À la suite de ces travaux, Emmanuel Macron a annoncé souhaiter, avant la fin de l’été, un projet de loi pour un « modèle français de la fin de vie ». Des modèles existent déjà, répond Jean-Luc Romero-Michel, élu de Paris et adjoint d’Anne Hidalgo chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Militant de longue date et président d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, il appelle la France à s’en inspirer.
L’aide active à mourir dans la loi française: une révolution?
Pas vraiment : les Français sont prêts, les sondages le disent depuis longtemps. Tous les citoyens sont concernés et beaucoup veulent avoir le choix d’accéder à ce soin ultime s’ils sont en proie à des souffrances insupportables. La nouveauté, c’est un engagement institutionnel : en 2021, l’article ler de la proposition de loi d’Olivier Falorni pour créer une « assistance médicalisée active à mourir » avait été voté par 80 % des députés présents, même si le reste de la loi n’avait pu être examiné [du fait de nombreux amendements déposés par la droite, ndlr].
Quels principaux freins subsistent?
Toujours les mêmes : les responsables religieux, et certains médecins. Dans un pays laïc, les premiers ne devraient pas avoir leur mot à dire — je m’étonne qu’Emmanuel Macron les ait reçus à dîner, début mars —, d’autant que les croyants sont, eux aussi largement favorables à des évolutions législatives. Quant aux médecins, il faut entendre tous ceux qui réclament ces évolutions — notamment les militants des soins palliatifs —, et pas seulement les porte-parole de ceux qui s’y opposent.
Sur la fin de vie, il n’y a pas d’expert, chaque citoyen est concerné en tant qu’acteur de sa propre vie, et de sa mort.
Quel « modèle français de la fin de vie » espérez-vous?
Qui sommes-nous pour inventer un modèle original, quand des pays ont depuis vingt ans des lois qui fonctionnent sans dérive, en Suisse, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg?
Nous n’avons rien à inventer mais des exemples inspirants sur lesquels s’appuyer. J’espère non pas une énième loi faite par et pour des médecins, mais un véritable plan qui dans le même temps développe les soins palliatifs, dépénalise l’euthanasie, et surtout place enfin le patient au centre des décisions.
Propos receuillis par Juliette Bénabent. Télérama N° 2833 – 12/04/2023
Au final, si changer la loi était liée à un problème financier, au budget des hôpitaux, car qui dit soins palliatifs dit occupations de lits, délégation de personnels, qui plus est, spécialisés, et quid du positionnement de la sécurité sociale ?
Bien évidemment cet aspect purement technique ne saurait etre une entrave à une loi permettant de mourir dignement… n’est-ce pas.
Ce peut être bien autre chose, dont l’interdiction religieuse, d’atteinte à l’intégrité de l’être humain.
Compliqué. Mais, pour celles ou ceux qui sont dans la détresse, la souffrance, diminué et dans l’attente d’une fin de vie à chaque minute…
MC