ChatGPT…

Deux plaintes ont été déposées auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés française (Cnil) contre OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT. […]

Jean-Noël Barrot, le ministre français délégué au numérique, estime dans « la Tribune »  que l’outil ne respectait pas le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

« Une entreprise qui a levé tellement d’argent devrait pouvoir se conformer au Droit »

C’est justement en prenant appui sur l’article 15 du RGPD que l’avocate Zoé Vilain, présidente de l’association de sensibilisation aux enjeux du numérique Janus International, a porté plainte auprès de la Cnil. « Ma démarche était de savoir comment ChatGPT utilisait nos données, alors j’ai demandé à avoir accès aux miennes, c’est mon droit », explique-t-elle.

Après plusieurs demandes, auxquelles OpenAI a notamment répondu ne pas réussir à l’identifier alors qu’elle avait un compte chez eux, elle a saisi la Cnil. « Si, pour une avocate spécialisée sur le sujet, c’est déjà compliqué d’obtenir une réponse, alors pour d’autres personnes, ce sera bien pire », assure Zoé Vilain, avant de trancher : « Une entreprise qui a levé tellement d’argent devrait pouvoir se conformer au droit. »

En effet, le battage médiatique a offert deux choses à OpenAI et à son outil GPT : une renommée qui lui a permis de lever plusieurs milliards de dollars, dont 10 rien que de Microsoft. Et une force de travail bénévole de 100 millions d’ouvriers du clic, qui ont gracieusement créé un compte, lui ont confié leurs données personnelles, et entraîné l’algorithme en lui demandant tout et n’importe quoi, évaluant même la qualité des réponses données. Alors que, auparavant, OpenAI devait se reposer uniquement sur des travailleurs du clic aux Philippines ou au Kenya, payés une poignée de dollars, pour améliorer son outil.

D’autres plaintes contre OpenAI au nom de la propriété intellectuelle

Avec un peu de bonne volonté, l’entreprise devrait réussir sans mal à expliquer comment elle exploite les données des 100 millions de personnes qui ont créé des comptes ces derniers mois, mais la question se pose sur tout le reste : elle a en effet digéré tout le Web public et les données des potentiellement 5 milliards d’humains connectés à Internet. Ce sur quoi repose uniquement la version de ChatGPT ouverte gratuitement au public, dont les données absorbées s’arrêtent fin 2021.

La seconde plainte est parfaitement éclairante à ce propos, celle du développeur informatique et militant associatif David Libeau. «  J’ai voulu demander à ChatGPT ce qu’il savait de moi, raconte-t-il. Il a pu me répondre que David Libeau avait créé un compteur de signatures pour le référendum d’initiative partagée sur privatisation d’Aéroports de Paris. Lorsque je lui ai demandé : mais encore ? Il a commencé à m’inventer un passé militant, en lien avec la conversation, donc plutôt crédible, mais complètement faux. Il m’a raconté par exemple que j’étais cofondateur de la Quadrature du Net, que j’avais organisé telle manifestation ou mobilisation… »

Si OpenAI n’a jamais prétendu que ChatGPT ne disait que la vérité, l’article 5 du RGPD stipule néanmoins que les informations diffusées sur des personnes doivent être exactes, et tout traitement de données doit être loyal.

Le nombre de plaintes concernant l’exploitation sans consentement des informations personnelles pourrait ainsi exploser, mais pas seulement. Plusieurs artistes, photographes et graphistes, ont déjà porté plainte contre ces intelligences artificielles au nom de la propriété intellectuelle, pour vol de leur travail. Des auteurs, journalistes et informaticiens auraient tout intérêt à suivre.

Pour prouver le plagiat, il faut auparavant pouvoir récupérer ses données personnelles.


Pierric Marissal. Source (Extraits)



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