… Elles se sentent toujours obligées de choisir.
[…] Le 6 mars 2023, à la Maison du handball, à Créteil, dans le Val-de-Marne, la ministre des Sports et des jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, pilote une matinée de tables rondes sur le sport féminin. « Je souhaite que cette journée soit celle des engagements concrets », affirme la ministre devant des représentants de clubs, de fédérations, des sportives, des directeurs de médias.
Avant d’égrener des chiffres : « Un tiers des jeunes filles ne pratiquent plus de sport dès la classe de troisième » ; « 38 % des sportifs de haut niveau sont des femmes » ; « 5 % des retransmissions télévisées sont consacrées au sport féminin »…
Puis surgit l’enjeu de la maternité, « qui concerne un quart des sportives, parce qu’elles sont enceintes, viennent d’avoir un enfant ou en ont le projet. L’actualité récente a montré que les compétitions et règlements ne prennent toujours pas assez en compte ces enjeux. Nous devons renforcer l’accompagnement et la protection sociale de ces femmes ».
Au premier rang, Alain Lebœuf et Jean-Michel Aulas, respectivement présidents du Vendée Globe et de l’Olympique lyonnais, encaissent le message implicite. Dans l’enceinte, les applaudissements résonnent.
La footballeuse Jessica Houara-d’Hommeaux s’est retirée des terrains il y a quatre ans. Lorsque l’ancienne défenseuse du Paris-Saint-Germain et de l’équipe de France revient sur sa carrière, les regrets se mêlent aux meilleurs souvenirs. Peur de ne pas retrouver son niveau, de la réaction du club, de la sélection, du flou juridique. Peur de l’inconnu. « Aujourd’hui, la Fifa s’est emparée du sujet et a mis en place des mesures pour encadrer le congé maternité. Mais il y a quelques années, une joueuse qui voulait avoir un enfant était quasiment livrée à elle-même. »
Mêmes obstacles pour la handballeuse Nodjialem Myaro, ancienne internationale française et dirigeante de la Ligue féminine de handball. « Il n’y avait aucun accompagnement. Quand j’ai eu mes enfants, j’étais en fin de carrière, au club de Nice, et j’ai dû me débrouiller seule. C’était un peu le système D, tout dépendait de l’entraîneur, qui pouvait être conciliant, ou pas. J’ai surtout été portée par l’équipe, mais ma situation était une sorte d’exception. » Comme une dérogation à la règle, tacite.
Longtemps considérée comme un handicap, y compris par le corps médical – un peu comme une blessure grave, une rupture des ligaments ou une fracture qui entraînerait des mois d’indisponibilité –, la grossesse est encore parfois vue comme une prise de risque pour les sportives.
Catherine Louveau, sociologue du sport féminin, lutte contre ce cliché. « Il faut bannir l’expression “tomber enceinte”. On tombe malade, ou d’une falaise, mais la grossesse n’est pas un fléau, au contraire, elle peut être un facteur de motivation supplémentaire. Les mots en disent long sur notre manière de percevoir les choses. » Elle reconnaît quelques progrès : « Même si le sport demeure un domaine très masculin et patriarcal, le mouvement #MeToo a un peu arrangé les choses ».
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Pour bousculer les standards, certaines athlètes ont défié la norme. La boxeuse Estelle Mossely, la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon, la judokate Clarisse Agbegnenou, la handballeuse Cléopatre Darleux ou l’escrimeuse Cécilia Berder sont devenues des modèles pour avoir fait le choix d’une grossesse en pleine activité, et être revenues au plus haut niveau.
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Après plus de deux heures de discussions, la ministre des Sports assène un dernier chiffre : « Sur les trente-six fédérations olympiques, seulement deux sont dirigées par des femmes. » Pause.
Amélie Oudéa-Castéra l’a promis, c’est la journée des « engagements concrets », elle décline des mesures prochaines : l’intégration de la parentalité dans les critères d’aide de l’Agence nationale du sport, la prolongation de l’inscription sur liste des sportives de haut niveau d’un à deux ans pour « laisser du temps » aux mères, la formation des encadrants sportifs aux enjeux de parentalité et de santé des femmes.
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Maëlys Kapita. Télérama Web. Source (très courts extraits)
Blablabla ? On n’y croit plus !