Éducation : invitation à privatiser

Les services sont à votre disposition pour vous accompagner si vous souhaitez changer le statut de votre structure en établissement privé hors contrat.

Ainsi, s’achève un courrier du directeur de l’académie de Paris envoyé le 23 mars aux responsables des 21 jardins d’enfants parisiens. Et qui a provoqué une intense émotion.

A mi-chemin entre la crèche et l’école maternelle, ces établissements, financés par la Ville, accueillent un millier d’enfants de 2 à 6 ans, essentiellement dans les arrondissements les plus défavorisés. Les jours de ces jardins d’enfants sont pourtant comptés. En effet, la loi Blanquer de 2019 rend obligatoire la scolarisation dès 3 ans et provoque, d’ici à la rentrée 2023-2024, la disparition des 256 jardins présents dans tout l’Hexagone.

Depuis trois ans, familles et professionnels sont mobilisés au sein du collectif Decollaje, et multiplient les actions en direction des élus pour faire modifier la loi dite « Pour une école de la confiance ». Ils comptaient notamment sur le ministre de l’Éducation nationale, qui, le 13 juillet 2022, avait déclaré au Sénat : « Nous devons trouver une solution juridique pour essayer de faire de telle sorte que les jardins d’enfants continuent leurs activités. »

Une promesse restée, hélas, sans lendemain, Pap Ndiaye ayant aussi décliné les demandes de rencontre adressées, depuis des mois, par la Fédération Nationale Des Jardins d’Enfants (FNDJE). Faute de dérogation, ils devront cesser d’accueillir des enfants de plus de 3 ans où se transformer en école maternelle publique ou privée – sous contrat avec l’État ou non.

Les directeurs des jardins d’enfants ayant très moyennement apprécié la teneur du courrier, le rectorat de Paris a jugé bon d’envoyer quelques jours plus tard une seconde lettre, faisant état d’ « une erreur technique », d’ « un courrier transmis à tort » et présentant aux destinataires « toutes [se] s excuses ».

Un joli conte pour enfants qui a apaisé la colère, mais pas l’inquiétude des intéressés.


Article signé des initiales J. C. Le Canard enchaîné. 05/04/2023


2 réflexions sur “Éducation : invitation à privatiser

  1. bernarddominik 10/04/2023 / 13:17

    Étrange personnage ce Blanquer, pour le privé dans les formations supérieures et qui tord le cou au privé dans la petite enfance. En France on a toujours le cul entre 2 chaises. Quant à nos politiciens on peut légitimement se demander « savent ils où ils vont ? »

    • Libres jugements 10/04/2023 / 13:42

      Avec le recul, il est aujourd’hui possible de s’apercevoir des méfaits des directives orchestrées par Jean-Michel Blanquer provenant de la gouvernance élyséenne d’une part, mais que dire, d’autre part, de son suivant ministre, Pap Ndiaye, poursuivant allègrement « la casse systématique » de l’éducation publique, sous l’œil bienveillant de la Macronie. Jules (Ferry) au secours !

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