… sélection des mots, « orientant » sa perception.
Les millions de téléspectateurs et de téléspectatrices qui regardent quotidiennement BFMTV ne verront jamais sur les fameux bandeaux déroulants de bas d’écran le terme de « violences policières ». […]
L’emploi du terme « violences policières », « politiquement connoté » est interdit aux journalistes, priés de lui préférer des formules du type « dérapages » (utilisée notamment au sujet de la Brav-M, brigade de policiers à moto accablée notamment par un enregistrement) ou « accusations de violences policières », selon des consignes officielles […].
Une journaliste analyse ces directives en premier lieu par la proximité de la chaîne avec la hiérarchie et les syndicats policiers, qui l’alimentent en continu en informations et en faits divers, et occupent les plateaux de ses innombrables talks.
Une proximité qui cache en réalité une dépendance. « À partir du moment où les flics font vivre cette antenne depuis ses débuts, la direction est pieds et poings liés, estime cette journaliste. Ils s’interdisent de parler de violences policières car ce serait une ligne rouge, et que les policiers iraient systématiquement sur CNews. Or, ils sont flippés car les audiences de BFM ont baissé et ils ont très peur de la concurrence de CNews. »
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Les journalistes du Parisien, propriété du numéro un mondial du luxe LVMH, dirigé par le milliardaire Bernard Arnault – 225 000 exemplaires vendus chaque jour en moyenne en 2022 –, reprochent à leur direction « un traitement partisan » de l’actualité liée à la réforme des retraites.
Beaucoup dénoncent pêle-mêle l’accumulation de « grandes interviews de “une” réalisées avec des membres du gouvernement » ou « en tout cas uniquement avec des partisans de cette réforme largement contestée dans l’opinion et au Parlement », les éditoriaux « dans leur grande majorité favorables » à l’exécutif ou encore le traitement des premières journées de mobilisation selon des « angles critiques comme les perturbations dans les transports », alors même que les rassemblements syndicaux ont atteint des niveaux inédits, avec un record d’1,3 million de personnes dans les rues le 7 mars, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
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Difficile de savoir si la hiérarchie du Parisien-Aujourd’hui en France, incarnée en premier lieu par le directeur de la rédaction Nicolas Charbonneau, « veut faire plaisir à l’actionnaire » ou « partage tout simplement les idées du gouvernement », expose un journaliste du Parisien, qui a souhaité rester anonyme.
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Casseurs à la une
Les doléances des journalistes du Parisien ressemblent furieusement à celles des membres de la SDJ de la rédaction nationale de France 3. Le 27 mars, ces derniers se sont plaints du « mauvais traitement » des mobilisations contre la réforme des retraites dans les journaux télévisés de la chaîne, accusée de « hurl[er] avec les loups des chaînes d’info en continu ». Dans un long communiqué, la SDJ dénonce une « hiérarchie de l’information [qui] s’inverse » : les violences des « casseurs » « font la une » et prennent le pas sur la « mobilisation record », et ses « aspects pacifiques et même festifs ».
Elle pointe aussi « un soin tout particulier à ne pas évoquer les violences policières et le retour de pratiques interdites : nasse, tabassage à l’aveugle, charges et propos inappropriés de la part des forces de l’ordre, des dérives pourtant dénoncées par la LDH [Ligue des droits de l’homme – ndlr] et même le Conseil de l’Europe ». « Une démocratie, c’est aussi une police qui sait se tenir… comme une information digne de ce nom », soulignent les journalistes, qui estiment que « l’ensemble du traitement » de la réforme « serait d’ailleurs à interroger ».
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Sarah Brethes et Marine Turchi. Médiapart. Source (très courts extraits)
La concentration des médias dans les mains de quelques milliardaires est très inquiétante pour la démocratie. Et il ne faudra pas compter sur Macron pour rétablir la pluralité dans les médias. Ce qui montre bien que Macron n’est pas un démocrate
La solution ? Boycotter !