Après l’annonce du ministre… LA RÉALITÉ…
« Il n’y a pas de service (hospitalier) qui va fermer de façon sèche », a affirmé François Braun lundi 3 avril 2023, matin, sur BFMTV.
En ce jour d’entrée en vigueur de l’article 33 de la loi Rist visant à réguler l’intérim médical en imposant un plafond de salaire de 1 390 euros brut pour vingt-quatre heures de travail, le ministre de la Santé a tenté de rassurer… avant d’être rattrapé par la réalité.
Après l’annonce du ministre… Des décisions, OUI, MAIS…
Selon un recensement effectué par le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH), daté du 2 avril, ce sont environ 300 services de psychiatrie, d’urgences, de gériatrie ou encore des blocs opératoires qui sont actuellement menacés de fermeture imminente ou en réduction drastique d’activité.
Pour les intérimaires, impossible de continuer à exercer dans ces conditions. « Nous sommes en grève », assène le Dr Éric Reboli, président du SNMRH. « On nous a imposé cette mesure, sans concertation, alors que nous subissons les mêmes conditions de travail dégradées que tous les praticiens. Et en plus, on se fait insulter ! »
En plus du tarif, ce sont les propos du ministre de la Santé qui ont contribué à braquer les blouses blanches. Pour justifier cette limitation de revenu, votée il y a six ans avant d’être intégrée dans cette loi, il n’a pas hésité à les qualifier de « mercenaires », pratiquant un « intérim cannibale » accusé de mettre à mort « le service public hospitalier ».
Les nerfs des 10 000 remplaçants du pays sont donc à vif. « On en a marre d’être considérés comme des voleurs, tranche Éric Reboli. D’autant que le ministre a avancé des chiffres complètement faux, 5 000 euros brut pour une garde, si c’est arrivé, c’est dans une clinique privée et de manière marginale ! Dans plus de 90 % des cas, nous sommes à 1 000 à 1 600 euros pour vingt-quatre heures et à 300 euros la journée. On n’entend pas beaucoup, en revanche, le gouvernement parler d’autres dérives comme les 2,5 milliards d’euros qu’ils ont dépensés auprès des cabinets de conseil. »
Comme le souligne Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France : « On stigmatise là une minorité d’abus. Dans certains hôpitaux de proximité, 50 % de l’activité est assurée par les intérimaires, sans eux, les structures ne pourraient pas tenir en ce moment. »
Pour jouer l’apaisement, le ministre de la Santé avait concédé la semaine passée une hausse de 20 % du plafond de rémunération, initialement prévu à 1 170 euros brut, sans succès. Avec des fermetures de services se succédant les unes après les autres faute de bras, comme la pneumologie à Alès (Gard) pour le week-end de Pâques, les urgences de l’hôpital d’Aubenas (Arèche) fermées de nuit, les urgences pédiatriques de nuit à Douai (Nord) ou, encore, les urgences de l’hôpital privé à but non lucratif de Sainte-Camille, à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), un vent de panique commence à souffler.
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Pour les professionnels de santé, le problème de taille qui se pose est celui de l’attractivité de l’hôpital public.
Si les rangs des remplaçants n’ont cessé de grossir ces dernières années, c’est qu’un grand nombre d’entre eux ont fui le service public. Comme le souligne une enquête réalisée en mars 2023 par plusieurs syndicats de médecins, seuls 17,6 % des intérimaires ne sont pas d’anciens hospitaliers et la moitié d’entre eux se disent prêts à revenir à un poste fixe à condition qu’il y ait un décompte précis et maîtrisé du temps de travail, une gouvernance plus démocratique et une restitution des quatre ans d’ancienneté perdus.
Pour Anne Wernet, « ça fait des années que nous le martelons : si nous arrivions à remplir les équipes et les plannings, cette question de l’intérim médical ne se poserait pas. Qui a envie de bosser soixante-dix heures par semaine dans un endroit parfois excentré, avec des conditions de travail compliquées, sans équilibre vie personnelle et vie professionnelle ? »
Cécile Rousseau. Source (extraits)
Tout est fait, petit à petit, pour déshabiller–détruire le service public hospitalier « aux profits financiers » des cliniques privées, vecteur de soins selon les moyens financiers personnelles. MC
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