« J‘aurais aimé grandir dans un monde où il est encore possible de s’ennuyer. Je suis une enfant du numérique, j’appartiens à la génération Z, née avec Internet et les réseaux sociaux. J’ai à ma disposition un outil qui me permet d’être connectée à tout instant. La technologie fait quasiment partie de mon ADN. C’est à la fois une bénédiction et une malédiction ».
Il est environ 10 heures du matin à Saint-Louis, aux États-Unis, et au bout du fil, depuis sa chambre universitaire, Emma Lembke nous expose sa vision du monde virtuel actuel.
À 19 ans, cette étudiante en psychologie et sciences politiques est la fondatrice du Log Off Movement : une plateforme en ligne, avec blog et podcast, qu’elle a créée lorsqu’elle était encore lycéenne, et dont la mission est d’inviter les adolescents à se déconnecter et, surtout, à repenser leur quotidien.
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Des ados qui se rebellent contre leur téléphone, remettent en cause l’emprise des réseaux sociaux et réclament de meilleures législation et protection ? Il ne s’agit pas ici de la dernière fiction hollywoodienne mais d’un phénomène, certes encore marginal, qui prend ces temps-ci de l’ampleur, au point de se trouver régulièrement en une des journaux et d’animer des débats dans les lycées et en ligne.
En France, des initiatives similaires voient aussi le jour, comme le podcast Et si tu posais ton tel ?, ou encore la semaine annuelle du Big Log Off, créée à la demande d’élèves du lycée international de Saint-Germain-en-Laye.
Pour Elizabeth Milovidov, consultante en numérique et fondatrice de Digitalem, organisation visant à guider parents et institutions dans cette ère de l’hyperconnexion, « la pandémie a propulsé les ados dans une consommation à outrance, et il y a eu un sentiment de trop-plein. Parallèlement, la sortie de documentaires comme The Social Dilemma, mettant à nu la façon dont les algorithmes nous manipulent, ou encore le récent TikTok, Boom sur les mécanismes cachés de la plateforme, ont favorisé une certaine prise de conscience. »
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À travers ces différentes démarches, aussi confidentielles et personnelles soient-elles, il y a chez ces futurs adultes le désir évident de trouver leurs marques dans un monde ultraconnecté dont ils sont les pionniers.
Pour Emily Weinstein et Carrie James, autrices de Behind Their Screens, un livre basé sur les témoignages de plus de trois mille cinq cents ados américains et incluant deux adolescentes dans le pôle de recherche, « les réseaux sociaux peuvent être autant positifs que négatifs et affectent chaque adolescent de façon singulière. Pour les plus fragiles, il y a effectivement le risque qu’une trop forte présence en ligne affecte leur bien-être… Il est surtout essentiel d’inclure leurs voix et leurs partis pris dans les discussions et débats, et dans la manière dont ce monde virtuel est en train de se construire ».
Emmanuelle Dasque. Télérama. Source (Courts extraits)
https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2023/03/30/levez-les-yeux-de-votre-telephone-portable-implore-son-inventeur-cinquante-ans-apres-UB3IGH6PSZBETGKTYDJAVOVVCA/