Qui pour aider les jeunes en souffrance?

Peut-on être surpris par le rapport, remis par la Cour des comptes, sur l’état de la pédopsychiatrie en France ?

Publié mercredi 22 mars, il prend acte d’une situation d’urgence qui, depuis longtemps, est dénoncée à grands cris par les professionnels eux-mêmes. Les enfants et les adolescents souffrant de troubles psychiques — estimés à 1,6 million, un chiffre alourdi par la crise du Covid — ne sont pas correctement pris en charge, voire totalement délaissés par un secteur débordé de toutes parts.

À peine la moitié d’entre eux bénéficieraient chaque année de soins. Les magistrats dressent donc une situation alarmante, héritage malheureux de décisions politiques délétères. Une diminution progressive, mais drastique, du nombre de lits d’hospitalisation: moins 58% entre 1986 et 2013, alors même que la population augmentait.

L’établissement d’un numerus clausus limitant fortement l’accès aux études de médecine, doublé d’une crise de vocation : moins 34% de pédopsychiatres en dix ans. Davantage de patients, mais moins de médecins et de lits… Et un parcours de soins organisé par secteur, jugé peu clair et saturé. En somme, plus personne ne sait à qui adresser un enfant en souffrance.

Les centres médico-psychologiques, dont l’accueil est sans condition et sans avance de frais, sont submergés, les psychologues scolaires manquent et ont été dévoyés de leur mission de détection des enfants souffrant de troubles.

Et les alertes se multiplient. Il y a quelques mois, un rapport de Santé publique France s’inquiétait de la hausse des tendances suicidaires chez les moins de 15 ans. Des pédopsychiatres affirment devoir, à regret, trier leurs jeunes patients. Ces derniers, mal soignés, sont les adultes de demain


Julia Vergely. Télérama. N°3820 – 01-07/04/2023.


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