Tour de cochon

Une victoire de plus pour l’industrie de la cochonnaille.

Pour la troisième fois, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, vient de repousser le plan d’action gouvernemental visant à réduire la quantité de sels nitrités saupoudrés dans nos assiettes. On sait depuis belle lurette que ces additifs, identifiables sur l’étiquette d’un produit par le code « E250 », qui donnent un splendide teint rose à la charcuterie tout en allongeant sa durée de vie, sont cancérigènes. En janvier, une équipe de chercheurs français en épidémiologie nutritionnelle a montré que ces fameux nitrites jouaient, en prime, un rôle dans l’épidémie de diabète sucré qui touche actuellement 2 millions de Français (« PLOS Medicine », 17/1).

Une raison de plus de forcer les industriels de l’agroalimentaire à y aller mollo sur ces cochonneries. C’était d’ailleurs l’objectif affiché du fameux plan gouvernemental, qui devait être présenté ce 22 mars. Son report ne peut que réjouir le lobby de la charcuterie. La puissante Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT), alliée aux gros producteurs de cochons, avait déjà haché menu plusieurs tentatives parlementaires d’interdire les sels nitrités (« Conflit », 13/7/22). Le cabinet du ministre, gêné aux entournures, explique au « Canard » que le plan « a été décalé pour procéder à quelques bouclages techniques » Et ne donne aucune explication au départ soudain de l’inspectrice de Santé publique vétérinaire qui, en juillet dernier, avait été spécialement chargée du dossier par Marc Fesneau. Les opposants aux sels nitrités refusent, eux, de battre en retraite. La pétition lancée par la Ligue contre le cancer et l’association de défense des consommateurs Foodwatch pour le bannissement de l’E250 approche des 550 000 signatures.

Côté Parlement, le député MoDem Richard Ramos, qui, l’an dernier, avait déjà tenté, dans une proposition de loi, de rendre persona non grata les additifs nitrités, remet le couvert. À son initiative, le 30 mars, la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale devra décider si elle demande ou pas à Bruxelles de s’attaquer à ces additifs mal famés. Le 6 mai, c’est une députée Europe Écologie-Les Verts qui doit en rajouter une louche avec un amendement.

Manquerait plus que le gouvernement dégaine le 49.3 pour sauver l’industrie cochonnière…


Article non signé lu dans le Canard enchaîné du 22/03/2023


Une réflexion sur “Tour de cochon

  1. bernarddominik 27/03/2023 / 14:20

    J’ai banni la charcuterie de mon alimentation. Et j’attends l’interdiction des sels nitrités.

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