En employant le mot « foule », pour lui dénier toute légitimité, Macron transpire un imaginaire forgé dans l’entre-soi bourgeois et inégalitaire du XIXᵉ siècle, qui pourrait encore se manifester dans son entretien télévisé récent.
Foule sentimentale
On a soif d’idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
[…]
On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu’on est né
Pour des cons alors qu’on est
Des foules sentimentales
Avec soif d’idéal
Attirées par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Il y avait la foule sentimentale chantée par Souchon, il y aurait désormais la foule sans légitimité dixit Macron. […]
En affirmant, mardi 21 mars 2023 – au soir -, devant les parlementaires de son camp, que la « foule » n’a « pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus », Macron transpire un imaginaire forgé dans l’entre-soi bourgeois et inégalitaire du XIXᵉ siècle et cristallisé par l’ouvrage de Gustave Le Bon, La Psychologie des foules.
Publié en 1895, ce best-seller se veut à la fois fondateur d’une nouvelle discipline – la façon dont se comportent des entités collectives au-delà des Monsieurindividus qui le composent – et une sorte de guide pratique dans la mesure où « la connaissance de la psychologie des foules constitue la ressource de l’homme d’État qui veut, non pas les gouverner — la chose est devenue aujourd’hui bien difficile — mais tout au moins ne pas être trop complètement gouverné par elles ».
Gustave Le Bon, à la fois médecin, anthropologue, éditeur et vulgarisateur scientifique, a pu revêtir le « costume trop grand de père du totalitarisme », notamment en raison d’une interview donnée par Mussolini en 1926 à un journaliste français dans laquelle le dictateur fasciste affirmait : « J’ai lu toute l’œuvre de Gustave Le Bon ; et je ne sais pas combien de fois j’ai relu sa Psychologie des foules. C’est une œuvre capitale, à laquelle je reviens souvent, encore aujourd’hui. »
D’abord, la foule incarnerait le domaine de l’irrationnel.
Pour Gustave Le Bon, « peu aptes au raisonnement, les foules sont au contraire très aptes à l’action ». Au cœur de son texte se trouve en effet cette interrogation : pourquoi des individus rationnels se soumettent-ils aux passions collectives quand ils sont immergés dans une dynamique d’ensemble ?
Ensuite, la foule est identifiée à la populace, la partie basse du peuple.
Une étymologie possible du terme « foule » est en effet l’ancien français « folc », qui a donné « Volk » en allemand, apparenté à vulgus en latin, soit le « petit peuple » ou le « vulgaire », mais qui a aussi donné le mot « troupeau ».
En prétendant opposer la foule et le « peuple » représenté par ses élus, Emmanuel Macron ne convoque pas seulement une rationalité politique qui mettrait toute la légitimité politique du côté de la légalité procédurale et toute incarnation du peuple du côté de la représentation électorale.
Il embrasse en réalité la vision de la bourgeoisie du XIXᵉ siècle dont Gustave Le Bon est un des meilleurs représentants.
Joseph Confavreux. Médiapart. Source (extraits)
3 millions de manifestants, ce n’est pas une paille ! Macron a tort de les mépriser. Du haut de ses 8 millions d’électeurs il se sent plus légitime. Dommage que LR ait manqué de courage devant le risque de se représenter devant les électeurs. Mais pourquoi Macron cederait il? Il n’a pas besoin de faire le plein: il est prioritaire sur les stocks de l’armée, il est nourri logé pas de loyer à payer en fin de mois, pour lui et Brigitte tout baigne… Louis XVI était plus respectueux du peuple…