Des autoroutes très, très, rentables

La rentabilité des principales sociétés d’autoroutes a été très supérieure à ce qui était prévu dans les contrats de concession signés par l’État. Ces superprofits sont mis en évidence dans un rapport confidentiel de l’Inspection générale des Finances (IGF) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Ce document explosif a été remis en février 2021 au gouvernement qui ne l’a jamais rendu public.

Le rapport dévoilé ce mardi par Marianne et Caradisiac estime que le niveau de rentabilité des autoroutes gérées par ASF-Escota et APRR-Area est contraire au « principe de rémunération raisonnable ».

D’après les calculs de l’IGF et du CGEDD, les taux de rentabilité pour les actionnaires d’ASF­Escota et d’APRR-Area sont respectivement de 11,77 % et de 12,49%, soit beaucoup plus que le taux de 7,67 % qui était visé lors de la privatisation en 2006.

7 milliards de manque à gagner pour l’État

Cet écart serait lié notamment à la baisse des taux d’intérêt et à un trafic plus important. Par contre, la rentabilité du groupe Sanef-SAPN (7,60%) est très proche de l’objectif initial.

L’Etat a-t-il été un mauvais négociateur ou a-t-il été floué ?. Il aurait pu toucher 7 milliards d’euros de plus lors de la privatisation si la rentabilité des autoroutes n’avait pas été sous-évaluée, d’après le rapport.

Un référé de la Cour des comptes de 2019 et un rapport du Sénat de 2020 décrivaient égale­ment mi État « en position de faiblesse » face aux sociétés concessionnaires d’autoroutes.

Les auteurs du rapport suggèrent de réduire les durées des concessions pour revenir à une rentabilité plus normale. Ils préconisent une fin anticipée en 2026, cinq à dix ans avant les échéances actuellement prévues des contrats.

Une économie théorique de 21,59 € sur Paris-Lyon

Le rapport a calculé l’argentqu’il faudrait restituer en théorie aux usagers des autoroutes pour revenir à une rentabilité des actionnaires de 7,67 % sans toucher aux concessions. Les tarifs des péages des autoroutes gérées par ASF-Escota devraient baisser de 58%, soit une économie de 20,87 € sur un trajet Marseille-Toulouse (35,10 € en 2020). Pour les autoroutes APRR-Area, le coût des péages pourrait diminuer de 59%, ce qui représenterait un gain de 21,59 € sur un trajet Paris-Lyon (35,70 € en 2020).

Les députés auront l’occasion de demander des éclaircissements au ministre des Finances Bruno Le Maire et au ministre des Transports Clément Beaune qui seront auditionnés mercredi 22/03/2023, par la Commission des finances et la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale.


Luc Chaillot le Dauphiné Libéré. 22/03/2023


Une réflexion sur “Des autoroutes très, très, rentables

  1. bernarddominik 24/03/2023 / 10:56

    Les automobilistes sont pris pour des vaches à lait, entre les contrôles techniques payés au prix fort, les stationnements payants abusifs, les radars parfois situés uniquement pour verbaliser, les amendes même lorsqu’on est pas en infraction… et on rajoute les sociétés d’autoroutes qui se gavent. Et tout ça sous le regard indifférent de nos députés.

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