Michael Zemmour. Maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, dresse le bilan de ces derniers mois du gouvernement Borne et revient sur le rôle qu’il a joué dans ce débat.
- L’exécutif nous promettait une réforme « nécessaire »
La réforme contient, en réalité, extrêmement peu d’améliorations. Seule avancée significative, quoique d’une portée limitée, la revalorisation des petites pensions à hauteur de quelques dizaines d’euros.
Pour le reste des personnes concernées par le projet gouvernemental, la réforme implique un durcissement plus ou moins important des conditions de la retraite, à peine atténué par les aménagements proposés par l’exécutif (élargissement minime du compte pénibilité, aménagement des carrières longues – NDLR). Mais, même pour les salariés exposés à de la pénibilité, par exemple, on ne trouve quasiment aucun cas où la réforme apporte une amélioration.
- Le flou du nombre de bénéficiaires réels, candidats aux 1 200 € de pension, représente un des fiascos de ce projet
J’ai été frappé du fait que, dès les élections législatives, des tracts distribués par les députés macronistes garantissaient cette pension minimale à 1 200 euros. Pourtant, dès cette époque, il suffisait d’analyser les données disponibles pour savoir que ce ne serait pas le cas.
Je pense que, au fond, cette réforme a été décidée pour des raisons de stratégie politique et budgétaire, et non à partir d’un bilan raisonné de notre système de retraite. En atténuant, par sa communication, la dureté de sa réforme, le gouvernement a cherché dès le départ à nous raconter une histoire très éloignée de la réalité.
Il a tenté de faire passer une petite mesure (les revalorisations de petites pensions) pour une grande avancée.
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- Le pouvoir a perdu la bataille de l’opinion et, d’une certaine façon, vous y avez contribué. Comment réagissez-vous quand certains médias vous qualifient d’« économiste qui fait trembler Macron » ?
Je ne suis pas le seul économiste critique à avoir pris la parole sur le sujet ! De nombreux chercheurs – je pense aux Économistes atterrés, notamment – sont intervenus dans les débats publics, pour décortiquer le texte et discuter de ses effets. Par ailleurs, je rappelle que ce qui fait trembler le gouvernement, ce ne sont pas les économistes, mais le mouvement social.
Propos recueillis par Cyprien Boganda. Source (extraits)