Tous les débats politiques, qu’il s’agisse des retraites, de la santé, de l’éducation ou de la sécurité, se résument à la question de la solidarité.
Qu’est-ce qui relève de la responsabilité collective et qu’est-ce qui relève de la responsabilité individuelle ? Parfois, c’est à chacun de se débrouiller seul pour régler ses misères. L’État ne peut pas parer à tous les aléas de notre vie quotidienne, de notre vie personnelle ou de notre vie intime.
À l’inverse, c’est à la collectivité d’intervenir pour aider l’individu quand il est confronté à des problèmes trop lourds pour ses épaules, comme la santé, la sécurité ou l’éducation. Privilégier les solutions collectives ou les solutions individuelles indique si vous êtes plutôt de droite ou plutôt de gauche.
Démontrant au passage que le clivage gauche-droite n’a jamais disparu. La politique nous renvoie donc toujours au même dilemme : jusqu’où sommes-nous capables de faire un geste pour les autres, sans rien attendre en retour?
Un exemple avec un sujet apparemment sans rapport avec la réforme des retraites : le service national universel (SNU). D’après certaines fuites, le SNU, jusqu’à présent basé sur le volontariat, devrait être généralisé et rendu obligatoire par le gouvernement. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage), première organisation étudiante en France, a déclaré qu’elle n’en voulait pas. Quant à La France insoumise, elle défend une « conscription citoyenne » des jeunes adultes rémunérées.
Ré-mu-né-rée ! Voilà l’avenir de nos sociétés modernes.
Des citoyens mercenaires prêts à s’investir dans des actions collectives, mais uniquement contre de l’argent. On croyait que le « vivre- ensemble » était un geste désintéressé. Eh bien non. Parce que dans ce monde ultralibéral, tout se vend, tout s’achète, même le « vivre-ensemble ».
Peut-être est-ce une impression pessimiste amplifiée par le dérèglement climatique, mais de plus en plus, notre vision du monde semble se ratatiner autour de notre petite personne.
Comme les glaciers de nos montagnes, notre altruisme semble fondre inexorablement au soleil. Et qu’adviendra-t-il quand il n’y aura plus que des cailloux à admirer dans le lit de nos rivières ? il faudra se résoudre à les ramasser et à les balancer dans la figure du gars de la rive d’en face quand il tentera de nous piquer le peu qu’il nous reste.
RISS. Charlie Hebdo. 15/03/2023
Pour que les comptes soient transparents il faut séparer le social des retraites de la santé du chômage. Si tout est mélangé on ne peut évaluer une politique. Le social doit être issu de la solidarité nationale, donc tous les revenus doivent y participer. La retraite doit avoir une règle claire et compréhensible où les pensions devront dépendre des cotisations, pour les très haut salaire la cotisation de solidarité doit être maintenue et servir à financer le minimum vieillesse. Ces règles me paraissent essentielles pour la clarté des comptes publics.