Entre sa réforme et la démocratie…

… Macron doit choisir.

Après un nouveau coup de force au Sénat, le projet de loi retourne à l’Assemblée mercredi 15 mars.

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  • Le gouvernement aura-t-il recours à l’arme ultime : le 49.3 ?

Déterminée à « faire grandir le rapport de force », l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 15 mars. C’est le jour où la commission mixte parlementaire entre sénateurs et députés se réunira pour tenter de s’accorder sur un texte, ensuite soumis au vote de l’Assemblée nationale, à moins que le gouvernement n’ait recours à l’arme ultime du 49.3.

Le texte pourrait ainsi être adopté au Palais-Bourbon dès cette semaine, qui s’annonce décisive. « Le débat n’a pas eu lieu à l’Assemblée nationale, et il a été accéléré au Sénat. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible », mesure Laurent Berger, qui estime que cela constituerait une forme de « vice démocratique ». « Que la fin de l’histoire soit un 49.3, ça me paraît incroyable et dangereux », alerte-t-il.

L’exécutif semble pourtant bien disposé à utiliser toutes les armes à sa disposition pour faire passer en force et en vitesse sa réforme. C’est ce qu’il a fait ce week-end au Sénat : le ministre du Travail Olivier Dussopt a brandi, vendredi, l’article 44.3. Ce qui organise un vote bloqué : les sénateurs sont alors sommés de se prononcer sur l’ensemble d’un texte lors d’un seul vote, les seuls amendements retenus étant ceux proposés ou acceptés par le gouvernement.

« C’est un terrible aveu de faiblesse. Une brutalité, une aliénation du Parlement, c’est tout simplement honteux. Victor Hugo avait appelé son chien Sénat. La majorité sénatoriale est devenue le toutou du gouvernement », a accusé Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, devant la passivité de la droite face à ce coup de force de l’exécutif.

  • Un texte repoussé par 65 % des Français

La réforme des retraites a finalement été votée, au sénat,  samedi par 195 voix contre 112, grâce au soutien de la droite, qui a elle aussi activé de nombreux outils visant à corseter le débat (censure de milliers d’amendements et réduction au minimum du temps de parole)…

« Le Parlement abaissé, le peuple et les syndicats ignorés, et un gouvernement isolé comme jamais. Avec le vote bloqué au Sénat, la première lecture s’achève sur une victoire à la Pyrrhus pour la réforme des retraites. Le combat continue pour faire retirer ce texte nocif pour le pays », a dénoncé Pierre Laurent, vice-président du Sénat.

« 195 voix, cela veut dire qu’il manque 50 voix à la droite sénatoriale. Ce n’est pas un résultat brillant », a pointé Patrick Kanner, président du groupe socialiste, preuve que le gouvernement peut se faire du souci en cas de vote à l’Assemblée nationale, puisqu’il aura besoin des voix des députés LR, divisés sur le texte.

Mais même un vote à l’Assemblée ne saurait rendre légitime ce texte, repoussé par 65 % des Français selon notre sondage exclusif réalisé par l’Ifop. « Monsieur Macron veut s’adresser au peuple ? Qu’il le fasse en organisant un référendum », propose la sénatrice Cathy Apourceau-Poly. « Pourquoi ne pas demander aux citoyens ce qu’ils pensent du passage de 62 à 64 ans à travers un référendum ? » abonde Laurent Berger.

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Aurélien Soucheyre. Source (extraits)


Une réflexion sur “Entre sa réforme et la démocratie…

  1. bernarddominik 13/03/2023 / 18:38

    Certes la démocratie y laisse des plumes de par les procédés utilisés par le gouvernement. Je trouve ce projet de loi hâtif mal ficelé, dans moins de 10 ans il faudra le revoir. C’est dans les détails que le projet pèche, en soi l’âge de 64 ans n’a rien de choquant, sauf pour tous ceux qui arrivent à la retraite usés par un travail harassant. Quant aux femmes (ou hommes) qui ont pris un congé parental, ces périodes devraient valoriser non seulement les annuités, mais donner des points pour la complémentaire, ce qui diminuerait l’inégalité avec l’autre conjoint (je connais des couples où c’est la femme qui gagne le plus et du coup l’homme qui prend le congé parental). Décidément l’équipe de Macron est composée d’amateurs à moins que tout soit voulu pour préparer le chemin à Blackrock

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