L’étouffant projet de retraite !

Inutile de pleurer sur les sueurs froides du pouvoir

La lettre des syndicats est officiellement le 8 mars. Son destinataire est un absent omniprésent dans le bras de fer qui oppose depuis deux mois le gouvernement et les syndicats dans la bataille des retraites : Emmanuel Macron lui-même.

L’intersyndicale s’appuie sur un argument qu’elle juge imparable : le rejet massif du projet par la population, et encore plus par les actifs et les actives. Rejet qui s’est caractérisé par six manifestations depuis le 19 janvier, partout en France. Jamais le pays n’avait vu autant de manifestant·es défiler. […]

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Il y a peu de chance que cette supplique trouve un écho favorable. Emmanuel Macron entend pour l’instant rester en surplomb d’un jeu politique défavorable. « Il a expliqué son projet pendant la campagne, il a donné le cap plusieurs fois depuis, répète-t-on à l’Élysée. Maintenant, c’est à la première ministre et au gouvernement de mener la réforme à bien. »

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  • Élisabeth Borne et Olivier Dussopt seuls en première ligne

Emmanuel Macron laisse donc la première ministre Élisabeth Borne et le ministre du travail Olivier Dussopt s’épuiser à défendre un texte qu’il a lui-même imposé.

Mercredi 8 mars, sur France Inter, le ministre a encore dû louvoyer pour relativiser l’importance de la rue, tout en assurant « respecter » les centaines de milliers de manifestant-e-s. 

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« La porte du gouvernement est plus qu’ouverte, nous sommes dans le dialogue », a assuré le lendemain le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

« La réalité, c’est qu’il y a un gouvernement profondément à l’écoute, dans le dialogue social. C’est son rôle. Le rôle du président de la République, c’est de donner le cap pour le pays », a renchéri Stanislas Guerini, ministre de la fonction publique.

« On reste à l’écoute, s’il y a des points particuliers, des améliorations que les uns et les autres veulent apporter à la réforme, comme on est à l’écoute des groupes parlementaires », a encore été contrainte de déclarer la première ministre ce 9 mars 2023, en déplacement dans les Yvelines pour visiter une structure de prise en charge des femmes victimes de violences. 

Mais le silence du chef de l’État est resté entier. Il paraît peu probable qu’il reprenne la parole avant la date fatidique du jeudi 16 mars, où le projet de loi devrait être voté définitivement à l’Assemblée nationale, après la tenue la veille d’une commission mixte paritaire, où sept député-e-s et sept sénateurs et sénatrices retravailleront le texte à huis clos pour aboutir à une version commune. 

Si la loi est adoptée, il faut s’attendre à une des grandes allocutions médiatiques dont il est friand pour « redonner du sens au quinquennat », dixit un ministre de premier plan, et évoquer la suite. Dans le cas contraire, l’hypothèse d’un remaniement ressurgit à intervalles réguliers, comme celle d’une dissolution de l’Assemblée.

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  • Incertitudes au Parlement

La sérénité est loin d’être de mise pour les troupes du président. Même pas au Sénat, où l’article 7 reportant à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite a été voté dans la nuit de mercredi à jeudi.

L’exécutif peut y compter sur une droite largement majoritaire et acquise à sa cause sur ce dossier, mais les sénateurs et sénatrices de la majorité et de droite ont été contraints de tordre le règlement pour accélérer l’examen de l’article 7, face à une gauche multipliant les amendements. 

Quant à la suite des débats, et à l’adoption ou non du texte par les parlementaires, tous les scénarios sont sur la table. Dont celui, revenu en force, d’un recours à l’article 49-3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement. […]

Pour l’heure, personne n’est en effet capable de dire qui votera quoi lors du vote solennel à l’Assemblée. « Cela se jouera à quatre ou à cinq voix près », prophétise un député.

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Pauline Graulle, Dan Israel et Ilyes Ramdani. Mediapart. Titre original : « Retraites : les sueurs froides du pouvoir ». Source (extraits)


Une réflexion sur “L’étouffant projet de retraite !

  1. bernarddominik 11/03/2023 / 08:56

    Un texte qui diminue les inégalités et ça ne plaît pas à tout le monde, donc l’astuce est de ne présenter que le fameux article 7 qui repousse l’âge légal à 64 ans, sachant que ces mêmes syndiqués l’ont mis à 65 ans pour l’arco-agirc. On est dans le petit monde de la magouille qui a réussi son coup médiatique. C’est pas le pâle Dussopt qui va remettre les pendules à l’heure pour ces français qui ne savent plus à quel saint se vouer avec la baisse drastique de leur pouvoir d’achat. C’est la loi de la solidarité les petits se battent pour les privilégiés, certes de petits privilèges mais vivre 10 ans de plus aux frais de la princesse est ce un petit privilège?

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