… Cet avis…
[…] Après que le Journal de l’Association médicale canadienne a publié sur sa couverture une photo d’enfants dans laquelle une petite fille portait le hijab, le chirurgien pédiatrique Dr Sherif Emil, a adressé une lettre à l’équipe éditoriale intitulée « N’utilisez pas un instrument d’oppression comme symbole de diversité et d’inclusion ».
Le médecin s’insurge contre l’utilisation banale de telles images dans la plus grande revue médicale du Canada : « Il est devenu « libéral » de voir le hijab comme un symbole de diversité et d’inclusion (…) Le hijab, le niqab et la burka sont des instruments d’oppression pour des millions de filles et de femmes dans le monde qui ne sont pas autorisées à faire un choix ».
Le Conseil national des musulmans canadiens a demandé le retrait immédiat du texte sur le site web du journal. La lettre a été immédiatement supprimée et la rédactrice en chef a présenté ses excuses pour avoir rendu publiques les paroles « erronées, blessantes et offensantes » du médecin.
Cette fois, cependant, la lâcheté de certains a révélé, a contrario, la bravoure de tant d’autres.
De nombreuses femmes du Moyen-Orient qui vivent en Occident ont réagi à l’incident, lançant une grande campagne sur les réseaux sociaux et exigeant qu’on les écoute sur les questions qui affectent leur vie, comme le code vestimentaire religieux.
La campagne #LetUsTalk (Laissez-nous parler) est devenue virale en quelques jours.
« En Iran, on m’a dit que, si je ne portais pas le hijab, je serais renvoyée de l’école, emprisonnée, fouettée, battue et expulsée de mon pays. En Occident, on me dit que raconter mon histoire provoquera de l’islamophobie. Je suis une femme du Moyen-Orient et j’ai peur de l’idéologie islamique. Laissez-nous parler ». C’est par ce tweet que la célèbre militante iranienne contre le hijab obligatoire Masih Alinejad a réagi à la censure de la lettre du médecin.
Avec ces mots, accompagnés d’une photo d’enfance d’elle-même portant un hijab, elle a inspiré une avalanche de confessions similaires. Son tweet a été liké par plus de 30 000 personnes et le hashtag #LetUsTalk a commencé à se répandre.
In Iran I was told if I don’t wear hijab, I get kicked out from school, I get jailed, lashes, beaten up, and kicked out from my country. In the West I’m told, sharing my story will cause Islamophobia.
I’m a woman from Middle East and I am scared of Islamic ideology. Let us talk. pic.twitter.com/SKQFh93M51
— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) December 28, 2021
- « J’avais l’habitude de retirer secrètement mon hijab juste pour sentir l’air dans mes cheveux. Cette idéologie m’a volé ma vie », a tweeté une Saoudienne en exil, Rana Ahmad.
- « Un autre jour en Allemagne, où je me promène sous le soleil sans ce hijab qui me fait me sentir comme une citoyenne de seconde zone, comme je l’étais quand j’étais en Arabie Saoudite… », écrit une autre saoudienne exilée, Loujain.
- « Au Yémen, j’ai été forcée de porter le hijab à l’âge de six ans et le niqab vers treize ans, et quand j’ai décidé de l’enlever, la moitié de ma famille m’a abandonnée, puis quand j’ai enlevé le hijab et l’abaya, j’ai tout perdu », confesse Basma Nasser, qui vit aujourd’hui en France.
[…]
Elles veulent pouvoir raconter leur histoire sans être accusées d’islamophobie. Mais elles veulent aussi être entendues par les féministes occidentales, dont beaucoup ont repris à leur compte les règles de pudeur religieuses sexistes et les ont déguisées en symboles d’« empowerment ». […]
[…] même si en Occident la rébellion contre le hijab n’est pas un crime au regard de la loi, des confessions publiées via #LetUsTalk révèlent que de nombreuses femmes ne vivent pas non plus le hijab comme un « choix » dans les pays occidentaux. […]
En effet, alors que des Iraniennes continuent d’être emprisonnées pour avoir enlevé leur hijab, alors que les Afghanes résistent aux Talibans qui effacent de nouveau les femmes de l’espace public, en Occident, nous sommes occupés à promouvoir le port du hijab, dans la mode, dans la publicité et dans les médias, tout en nous auto-congratulant pour notre tolérance…
Et les femmes du Moyen-Orient en Occident qui osent s’exprimer contre le code vestimentaire de la pudeur sont réduites au silence par les islamistes à droite, et par les « progressistes » à gauche. Laissez-les parler !
Inna Shevchenko. Charlie hebdo Web. Source (extraits)
C’est une question très difficile. Mais je reste convaincu que le le hijab est un outil de soumission des femmes.