Les cinq maux de l’économie française

Les chiffres claironnés par le gouvernement ont peu de sens

Tiens, et si tout allait encore plus mal que ce que vous croyiez ?

Je vous explique.

  • Premier temps : la pauvreté devient grotesque dans notre pays riche. Les bénéficiaires des banques alimentaires ont triplé en dix ans. Parmi les gens accueillis, surtout des personnes seules et des mères avec enfants. Les femmes sont nettement plus pauvres que les hommes, en France comme ailleurs : elles constituent 71 % de cette misérable clientèle (1).
  • Deuxième fait : parmi les ventres vides de Gaule, on compte aussi 17 % de personnes qui travaillent, mais sont pauvres. Il y a longtemps que le terme de « travailleur pauvre » est entré dans les statistiques et les habitudes, alors qu’il met à bas une promesse basique de notre société, celle de la dignité par le travail. Il y a même des personnes en CDI ! Conclusion : les chiffres du chômage, et plus encore ceux des créations d’entreprises, claironnés par le gouvernement ont très peu de sens. C’est une rupture fondamentale.
  • Troisième fait : l’effondrement de la classe moyenne. Selon Dominique Schelcher, le P-DG de Système U, entre le début de la guerre en Ukraine, fin février 2022, et juin 2023, les prix auront bondi de… 25 % (2) . Et c’est encore plus pour le porc, le sucre, la farine ou les couches pour bébé. « Je le vois sur le terrain, dans mon magasin de Fessenheim (Haut-Rhin), nous dit-il. Cette aggravation de la situation se fait à bas bruit, silencieusement. Les Français sont résignés mais ont de vraies difficultés. […] Regardez les collectes alimentaires, les gens n’ont même plus les moyens de donner. À ce jour, les politiques, et j’en ai rencontré beaucoup au Salon de l’agriculture, n’ont absolument pas pris la mesure de la gravité de la situation. »
  • Quatrième fait : la productivité stagne en France. Or la raison pour laquelle nous avons des vies tellement plus confortables que celles de nos grands-parents, ce sont les gains de productivité intervenus entre-temps. C’est grâce aux machines qu’il n’y a plus de paysans dans les champs, mais toujours plus de bouffe cultivée, ni d’ouvriers dans les usines, mais toujours plus de bagnoles qui en sortent. C’est grâce â cette fantastique économie d’énergie humaine qu’il y a dans notre pays plein de personnes dans des bureaux payées â ne rien foutre.Or, au cours des trois dernières années, la productivité par fainéant a diminué de 2,8 %, pour 1 point â cause de la diminution du temps de travail moyen, et pour 1,8 point â cause de la chute de la productivité horaire (3) . Et sans gain de productivité, aucun gain de niveau de vie possible – du moins dans le cadre économique actuel, dont il faudrait évidemment sortir, mais ce n’est manifestement pas ce que souhaitent les électeurs de France ni d’ailleurs.
  • Cinquième point noir de l’économie française : des dépenses publiques inefficaces. Savez-vous que nos dépenses publiques d’éducation sont plus élevées, en pourcentage du PIB, que dans la moyenne des autres pays de l’UE, pour les résultats katastrofiks que l’on sait ? Ou encore que, â l’hôpital public français, un employé sur trois n’est pas un soignant, alors que c’est seulement un quart, voire moins, en Allemagne, en Italie ou en Espagne (4) ?

Conclusion : les candidats prônant une juste répartition des richesses qui se présenteront à l’élection présidentielle de 2027, feraient bien de se mettre au boulot fissa.


Jacques Littauer. Charlie hebdo. 08/03/2023


  1. « Banques alimentaires : le nombre de personnes accueillies multiplié par 3 en dix ans », par Paul Turban ( Les Échos, 27 février 2023).
  2. « Hausse des prix : pour le P-DG de Système U, « les politiques n’ont pas mesuré la gravité de la situation » » ( Le Parisien , 28 février 2023).
  3. « La productivité recule en France… par moindre goût de l’effort », par Patrick Artus ( Les Échos, ler mars 2023).
  4. « Dépenses publiques : une inefficacité de dingue », par Marc Vignaud (L’Opinion, ler mars 2023).

8 réflexions sur “Les cinq maux de l’économie française

  1. Bernard Tritz 09/03/2023 / 16h20

    Ce qui est certain : beaucoup sont corrompus jusqu’à la moelle. Des milliards s’évaporent au profit d’opportunistes, de copains, de relations…
    Ces abus sont à corriger.
    C’est pire qu’au début de François en 1981, un certain 10 mai.
    Pire, voire abyssal !

    • Libres jugements 09/03/2023 / 16h52

      Merci Bernard pour ce commentaire.
      Cordialement
      Michel

  2. laurent domergue 09/03/2023 / 16h25

    Trop de compromis avec les Lobbys, ils décident donc dirigent ainsi que les pays gros exportateurs qui nous obligent à consommer leurs merdes, nos gouvernements successifs sont « prostitués » aux grandes puissances et c’est nous qui payons la facture… !

    • Libres jugements 09/03/2023 / 16h50

      Merci Laurent pour ce commentaire.
      Effectivement le commerce international organisée en lobby, prend le pas sur les affaires d’État. C’est ce que voulait la famille Rothschild, elle y arrive petit à petit. Ce qui est déroutant est d’apprendre que certains milliardaires pourraient acheter un état avec toute sa population, ses ressources diverses etc. Il y a là quelque chose difficile à admettre.
      Avec toute mon amitié
      Michel

  3. bernarddominik 09/03/2023 / 16h45

    Oui et vous pouvez rajouter que la part de l’industrie dans le PIB à diminué de moitié en 10 ans et des 3/4 en 30 ans.
    En France les syndiqués et la gauche ne parlent que d’acquis sociaux, alors que notre pays est en perte de vitesse. L’inflation à un but: faire baisser la part des salaires dans le PIB, et donc baisser le coût du travail. C’est la réponse du berger à la bergère: tu veux plus OK mais je te paie en monnaie dévalorisée.

    • Libres jugements 09/03/2023 / 16h56

      Mais enfin Bernard, que rime cette obsession envers les syndiqués et la gauche.
      Celles et ceux qui ont détruit des pans entier d’industries en France ne sont pas des syndiqués, ni des salariés, que je sache, mais bien des exploitants – exploiteurs – qui ne visaient qu’une chose faire de faire toujours plus de profit en faisant du business avec des pays sous-développés.
      Michel

      • bernarddominik 09/03/2023 / 18h17

        J’ai connu la fin des chantiers navals de la Ciotat achevés par la CGT. Je crois que j’ai déjà raconté cette triste histoire, je connaissais bien l’ingénieur norvégien chargé de superviser les 2 derniers gaziers construits aux CNC, grâce à la bêtise de la CGT, les CNC ont perdu leur plus gros client. Et si tu écoutes ce que disent Martinez et Berger il ne parlent que d’acquis sociaux, à moins que les journaux ne coupent tout le reste. Mais élu au CE je te confirme que les élus cgt n’avaient que ces mots à la bouche. Jamais ils ne se sont préoccupés des problèmes d’adaptation de l’entreprise. C’est une triste réalité qui nous met en infériorité par rapport à nos concurrents européens

  4. bernarddominik 09/03/2023 / 18h23

    Je précise encore que je suis pour une redistribution plus équitable des richesses acquises et pour que l’on ne laisse personne tomber dans la misère. Mais je suis opposé à l’idée qu’on distribue ce qu’on n’a pas produit ou gagné, car c’est mettre en cause l’avenir de notre pays. Et quand on regarde les comptes de certains (Hamon Mélenchon) on découvre qu’ils font l’impasse sur les conséquences de leurs choix et croient que la poule pondra toujours des œufs d’or. Ils confondent souvent revenu et capital.

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