Deux poids, deux mesures !
On pourrait accepter que des chaines de télévision crachant de « l’information en continu » ( ou de la désinformation continue) consacre tant d’heures d’antennes à la sale guerre que mène M. Poutine au peuple ukrainien si celles-ci ne rasaient pas la complexité, si elles n’étaient pas tant orientées, simplistes, et décervelantes; si autant d’heures étaient consacrées à traiter d’une guerre qui dure depuis des décennies et qui prend une nouvelle ampleur depuis quelques semaines, si , ces mêmes médias traitaient de la même manière d’une autre annexion : nous parlons ici de la violence que déploie le pouvoir israélien ultra-droitier contre le peuple palestinien.
Colonisation, mur de séparation ; emprisonnement de militants de la justice et de la paix, députés et élus locaux, vols de terres, de maisons, de l’eau, expulsions des habitants de Jérusalem, bombardements réguliers de Gaza et de villes en Cisjordanie, blocus de Gaza…
Voici que dans une quasi-indifférence, les colons israéliens brulent des maisons, notamment dans la ville de Huwara près de Naplouse avec la bienveillance de l’armée israélienne, et de plusieurs ministres fascisants. Cela se déroule au moment même ou le pouvoir en Israël procède à des modifications constitutionnelles visant à mettre au pas la justice.
Un intéressant mouvement populaire se développe en Israël contre ces attaques asphyxiant les libertés et la justice, ouvrant le processus d’un État menant une politique allant « au-delà » de l’extrême droite.
Cette nouvelle réalité politique est trop sous-estimée et trop cachée dans les médias et le spectre politique national et européen. Le porter en pleine lumière est la condition pour faire bouger les
gouvernements et empêcher ce qui a été fait ces dernières semaines avec la réception de Netanyahou par M. Macron à l’Élysée. Notons que le président français est le seul chef d’État à avoir invité ce Premier ministre corrompu en son palais.
Si des sanctions sont possibles contre la Russie qui viole le droit international, pourquoi ne sont-elles pas possibles contre le pouvoir israélien ? Israël ne respecte pas les conditions de l’article 2 du traité d’association avec L’Union européenne qui oblige au respect des libertés et de l’État de droit. Pourquoi, dans ces conditions, l’Union européenne maintient-elle cet accord sinon pour le commerce et blanchir un pouvoir de plus en plus fascisant ? Où sont les prétendues « valeurs » européennes et de l’occident ? Envolées sur l’autel des marchands et du militarisme !
Les États-Unis et l’Union européenne sont complices de la violation du droit international. Le gouvernement de Tel-Aviv colonise, brime et réprime, occupe, annexe chaque jour un peu plus la Palestine : 164 colonies et 116 avant-postes préparant l’installation de colonies supplémentaires incluant Jérusalem-Est. Le combat contre la colonisation est celui de la construction d’un pays, d’un État. Les Palestiniens ont pour eux le nombre et le droit international. Rien ne dit qu’il sera possible d’y résister. Le droit international ne peut être à géométrie variable selon les intérêts occidentaux et leurs sociétés financières et industrielles.
À juste titre les institutions internationales et la plupart des gouvernements demandent instamment au maître du Kremlin de mettre fin à sa tentative d’annexion et de respecter la souveraineté territoriale de l’Ukraine. Pourquoi les mêmes n’ont-ils donc aucun mot pour faire cesser l’annexion de la Palestine ? Les trois quarts de l’humanité perçoivent bien cet insupportable deux poids, deux mesures. Nous devons donc rehausser nos interventions auprès du gouvernement et de l’Union européenne.
En ces temps où l’on se gargarise tant des « valeurs » démocratiques, l’Union européenne ne semble pas décidée à sanctionner les atteintes au fameux « État de droit » malgré les mouvements de masse des populations et des juristes israéliens. Au contraire, elle garde un étrange silence et relance le conseil d’association qui avait été annulé depuis 2012.
Mandataire zélé des intérêts capitalistes, les autorités européennes couvrent l’implication de centaines d’institutions financières européennes, qui ont octroyé au moins 255 milliards de dollars à une cinquantaine d’entreprises participant activement au développement des colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. La France ne trouve rien à redire à l’implantation du groupe Carrefour dans les colonies, ni aux financements, par BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole et la BPCE, de projets irriguant l’économie de la colonisation.
La lettre de Patrick Le Hyaric. 04/03/2023. Source (Extraits)