La question…

… pas drôle pour un samedi et pourtant j’invite toutes les lectrices, tous les lecteurs à y repondre sans langue de bois. Merci. MC

Alors que la guerre en Ukraine, qui a célébré tristement son premier anniversaire le 24 février dernier, n’en finit pas, une question s’offre à nous : que se passerait-il si la France était à son tour attaquée sur son territoire national ?

C’est un scénario catastrophe mais pas impossible.

Imaginez qu’à l’heure où vous lisez ces lignes, la fameuse sirène que vous entendez tous les premiers mercredis du mois entre 11h45 et midi retentisse. Problème : nous ne sommes pas le premier mercredi du mois et votre téléphone s’affole sous le nombre de notifications annonçant qu’un pays vient de déclarer la guerre à la France.

Allez-vous être envoyé au front ? Va-t-on réactiver le service militaire ? A-t-on assez de fusils pour tout le monde ? Pour le savoir, le mieux est encore de demander à ceux qui ont la réponse : le ministère des Armées qui a à sa tête Sébastien Lecornu.

La France est-elle prête ?

Si la guerre éclate sur notre sol national, doit-on attendre des femmes qu’elles restent à la maison ou qu’elles fabriquent des armes pour les vaillants soldats masculins ? Quid des plus âgés, puisque le gouvernement actuel considère que l’on peut continuer à travailler jusqu’à 64 ans ? Pas de panique, nous répond en substance le ministère des Armées qui nous indique que de toute manière les premiers à intervenir seraient « les militaires d’active, soit plus de 205 000 professionnels. » On n’en doutait pas.

Et si ça ne suffit pas ? « Dans un second temps les anciens militaires ainsi que les femmes et hommes de la réserve opérationnelle pourraient être mobilisés, sur décret présidentiel, et seraient considérés sous tous les rapports comme des militaires du service actif et soumis, dès lors, à toutes les obligations imposées par les lois et règlements. », ajoute la défense nationale. Bémol tout de même : si vous avez plus de 50 ans, la réserve opérationnelle ne veut pas de vous.

Si cela peut paraître rassurant, en réalité ça ne l’est pas tellement. Selon les chiffres du gouvernement, la France dispose de 77 000 réservistes, ce qui n’est « factuellement pas beaucoup » selon le chercheur spécialisé en défense et sécurité Yohann Michel qui ajoute que « le réserviste servirait notamment en cas d’attaque à protéger des infrastructures, un rôle très important certes mais qui ne permettra pas de reconstituer des éventuelles pertes. »

Même chose du côté du matériel. Selon le média Slate, la France a en sa possession 222 chars Leclerc, 6.200 blindés à roues, environ 3.800 autres véhicules de combat, 211 avions de combat, 45 avions de chasse et une cinquantaine d’avions de surveillance, sans oublier 9 sous-marins et un porte-avions. « C’est absolument insuffisant », déplore Yohann Michel qui blâme des budgets toujours plus serrés.

Mais, bonne nouvelle ! Le ministre des Armées a annoncé, fin février, la relocalisation à Bergerac de l’entreprise Eureco qui produit des explosifs et poudres pour les munitions d’artillerie….

Une mobilisation générale ?

Si l’on manque de réservistes et de matériel, est-ce alors le moment de paniquer ? « Non », répond le chercheur qui considère en premier lieu que « tout le monde ne peut pas se permettre de s’attaquer à la France », d’autant que la dissuasion nucléaire est censée faire son petit effet.

Si toutefois un pays quelconque comptait s’y frotter quand même, ce n’est alors pas sur la mobilisation générale – pour laquelle Yohann Michel ne voit pas « comment dans une société qui se revendique égalitaire on pourrait justifier la non-mobilisation des femmes » comme lors des précédentes guerres mondiales – qu’il faudrait compter mais sur le courage des gens : « En 1939, les citoyens n’étaient pas ravis d’être mobilisés mais ils y sont allés quand même. Même lorsque l’on est pacifiste ou antimilitariste, il y a des causes pour lesquelles on accepte de se battre. »


Lorraine Redaud. Charlie Hebdo Web. Source


8 réflexions sur “La question…

  1. Ancre Nomade 04/03/2023 / 15h23

    Sans langue de bois, Michel ? Ce n’est pas possible.
    Idéologiquement je peux répondre que je ne défendrais pas une cause contraire à mes idéaux. Ce qui veut dire que tous les envahisseurs ne sont pas forcément des ennemis.
    L’idée de patriotisme me dépasse un peu, mais si un danger pour la démocratie survenait, je m’interrogerais.
    C’est de la langue de bois.
    Bon week end !

    • Libres jugements 04/03/2023 / 16h35

      Bonjour Jean-Marc
      j’ai lu avec attention commentaire.
      j’en déduis que tu te trouves au même stade de réflexion que moi sur ce sujet fort épineux.
      Amitiés
      Michel

  2. laurent domergue 05/03/2023 / 8h51

    Un bon tireur d’élite et « la tête et dans le sac » …!!!

    • Libres jugements 05/03/2023 / 11h51

      Chacun sa façon de penser Laurent.
      Amitiés
      Michel

      • laurent domergue 05/03/2023 / 20h46

        Les morts s’additionnent , le peuple souffre , les viols , les déportations , et je ne parle pas que de l’Ukraine , bien avant la Géorgie , la Moldavie , la Crimée et le Donbass , une seule personne pour tant d’horreurs , y’a pas photo , le poteau …!!!

        • Libres jugements 06/03/2023 / 11h55

          Vrai, Laurent, et pourtant…
          Amitiés
          Michel

  3. rblaplume 05/03/2023 / 17h43

    C’est un questionnement de saison depuis un an. Les nombreux rapports parlementaires ont suscité des réactions attristés, indignés, offusqués. Mais la question a le mérite d’être posée :
    Pour quel motif ferait-on la guerre ?
    1. Par engagement d’un traité (article 5 de l’O.T.A.N « la défense collective implique qu’une attaque contre un membre de l’Alliance est considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés »).
    2. Par un accord bilatéral entre la France et d’autres pays de l’Union, par exemple la Grèce qui est en « tensions » avec la Turquie  depuis plusieurs années (Chypre depuis 1974, eaux territoriales grecques en 2020 etc.)
    Décret n° 2022-180 du 14 février 2022 portant publication de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République hellénique pour l’établissement d’un partenariat stratégique de coopération en matière de défense et de sécurité, signé à Paris le 28 septembre 2021 (1)
    3. Par des incidents en Nouvelle Calédonie sous pavillon français depuis 1853 sous le règne de Napoléon III. Territoire d’Outre-Mer depuis 1946. Mais depuis 1999, c’est une collectivité d’outre-mer à statut particulier. Statut qui intéresse plusieurs départements français au premier chef la Corse. De nombreux pays sont intéressés par cet ensemble d’îles à la fois en mer de Corail et dans l’océan Pacifique sud.
    4. Même topo pour les Antilles.
    5. Par une attaque en Europe venant de quel pays ? La Russie dont on parle depuis un an, par exemple. Mais nous sommes rassurés car M.Macron a déclaré: « Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement » dans le journal du Dimanche, au Figaro et à France Inter et publié samedi soir, 18 février 2023.

    6. A quelles guerres allons nous être confrontées ? Maritime, terrestre, nucléaire, cyberespace, cyberguerre, terrorisme, « cinquième colonne », blocus comme celui de Cuba  ?
    7. Dans la presse, l’Express titrait, il y a quelques jours, que le Charles de Gaulle serait détruit par les Chinois en 2026 en utilisant quatre missiles hypersoniques. La France serait aux côtés des États-Unis pour défendre TAIWAN.
    8. Mais pour clore ces scenarii, il demeure des questions qui dépassent les problèmes d’organisations, d’encadrement, de matériels, de logistiques, de financements, d’alliances  :
    * Quelles seraient les personnes qui accepteraient de prendre l’uniforme et les armes dans un conflit de haute intensité et de longue durée ?
    *Pour quel(s) motif(s) impérieux pourrions-nous accepter tant de morts et de souffrances de toute nature ?   Serait-ce  pour défendre l’intégrité territoriale de la France, pour défendre nos idéaux, pour répondre aux accords internationaux, pour respecter   les traités bilatéraux, pour l’amour de la patrie, pour la défense des intérêts vitaux de notre planète ou notre environnement immédiat, pour satisfaire l’ego d’un ou d’une présidente de la République ou pour l’Union européenne ? Quel(le) serait le chef ou la cheffe charismatique qui mériterait notre confiance  pour conduire au sacrifice suprême de la vie ?
    9. Notre société exalte le bien être individuel, le confort matériel, l’hédonisme mais nourrit très peu le sacrifice si ce n’est sur l’autel de l’économie financiarisée au profit des multinationales  !
    Conclusion :
    Pour ma part, je crois qu’il ne faut pas attendre le salut toujours des autres ou d’une entité archétypale pour résister !
    Pas de langue de bois mais une sérieuse gueule de bois pour les responsables de la levée en masse !

    • Libres jugements 06/03/2023 / 12h05

      Merci Robert pour ton commentaire.
      Amitiés
      Michel

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