Des dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens sont toujours en France, un an après les premières arrivées. Les associations relèvent que des obstacles pour leur intégration, notamment socioprofessionnelle, perdurent.
Un an après le début de la guerre en Ukraine, la France accueille plusieurs dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens. Ils ont pu bénéficier dès février 2022 du dispositif exceptionnel de protection temporaire, qui leur permet d’obtenir une autorisation provisoire de séjour sur le territoire français d’une durée de six mois. Ils ont également le droit à l’allocation pour demandeur d’asile – sans en avoir le statut, à une prise en charge médicale, à un soutien dans l’accès au logement ou encore à l’exercice d’une activité professionnelle.
« L’accueil des Ukrainiens s’est construit très rapidement, il y a eu une volonté, politique qui a permis de mettre en place un système rapide d’accueil et d’accompagnement. Mais tout le système d’accueil est pensé sur du court terme », observe Hélène Soupios-David, directrice du plaidoyer chez France Terre d’Asile, qui a déployé plusieurs dispositifs pour accueillir les réfugiés ukrainiens.
- Un accès à l’emploi et au logement difficile
« La guerre s’éternise et ils rencontrent aujourd’hui les mêmes difficultés que les autres publics réfugiés : difficulté à apprendre le français, trouver un emploi car ils ne parlent pas français ou leurs qualifications ne sont pas reconnues, à se loger de manière indépendante en raison de ressources financières très limitées », poursuit Hélène Soupios-David. En novembre 2022, moins de 10 % des Ukrainiens en âge de travailler avaient trouvé un emploi en France. « La barrière de la langue est le principal obstacle à l’emploi. Il y a énormément de dispositifs qui existent pour l’emploi, mais un manque de coordination certain », souligne Céline Pellegrin, responsable des financements au Comede – Comité pour la santé des exilés.
En revanche, la scolarisation des enfants a quant à elle « très bien fonctionné », relève Hélène Soupios-David. Quant au logement, une vague de solidarité a poussé particuliers et communes à s’organiser pour accueillir des réfugiés au début de la guerre. Mais « aujourd’hui le programme d’hébergement citoyen concerne peu de ménages car avec le temps, la solidarité diminue », observe-t-on à France Terre d’Asile. En novembre 2022, le gouvernement a mis en place une aide financière de 450 euros pour soutenir les familles hébergeantes. Elle est destinée aux ménages ayant hébergé un ou plusieurs réfugiés pendant au moins trois mois entre le 1″ avril et le 31 décembre 2022. « Entre mars et novembre, il a fallu pour les hébergeants faire l’avance des frais (alimentation, transports, et autres…). Huit mois se sont écoulés avant que l’aide aux hébergeants intervienne. Un certain nombre de personnes se sont découragées », regrette Céline Pellegrin.
- L’esprit resté au pays
La situation est d’autant plus difficile que le traumatisme de la guerre est grand. « Malgré une prise en charge psychologique, il y a une immense souffrance qui est très présente. Le conflit se poursuit au pays et le fait de savoir que la famille y est restée, qu’ils peuvent être réquisitionnés d’un moment à l’autre, c’est source de stress. Ça a des répercussions sur la santé », note Céline Pellegrin.
« Ce qui est difficile, c’est la séparation avec une partie de la famille, potentiellement en danger », abonde Hélène Soupios-David. « Même si 80 % des Ukrainiens disent vouloir repartir dans leur pays, certains ne repartiront pas. Il faut continuer à développer des dispositifs pour les aider à s’installer et que tous les acteurs, les services de l’État, restent mobilisés », insiste-t-elle. « Le barrage de la langue, la dématérialisation des démarches, et les discriminations dans l’accès aux droits et aux soins, sont autant d’obstacles à l’intégration. L’accompagnement se doit, pour être efficace, d’être coordonné, global et pluridisciplinaire », rappelle également Céline Pellegrin.
Cyrielle Thevenin. Le Dauphiné Libéré. 01/03/2023
Un effort particulier et coûteux pour l’État
La prise en charge des 115 000 réfugiés ukrainiens accueillis en France depuis le début de la guerre a coûté 634 millions d’euros à l’État et à la Sécurité sociale, selon un rapport « flash » de la Cour des comptes publié ce mardi.
Les Ukrainiens titulaires d’une autorisation provisoire de séjour n’étaient plus que 86 000 fin décembre. Certains repartent en Ukraine mais d’autres continuent d’arriver (de 2 000 à 4 000 par mois). Les Ukrainiens ont fait l’objet d’un effort particulier. Le coût moyen de leur hébergement s’est élevé à 38 euros par jour el par personne, soit plus du double du coût journalier du dispo sitif national d’accueil des demandeurs d’asile. La facture a explosé pour les 800 Ukrainiens hébergés à bord d’un ferry de la compagnie Corsica Linea dans le port de Marseille de fin mars à fin juin 2022 avec un coût de 71 euros par jour et par personne.
Une pénalité de 39 euros par jour et par place inoccupée
L’addition a même été encore plus élevée car l’État a dû payer une « pénalité » de 39 euros par jour pour chaque place inoccupée sur le navire prévu pour 1 600 personnes mais qui n’était rempli qu’à moitié. Le rapport de la Cour des comptes souligne que l’apprentissage du français reste « tin enjeu prégnant « pour développer l’autonomie sociale des réfugiés alors que 40 % bénéficient d’un hébergement citoyen précaire. En novembre, seulement 2 547 Ukrainiens étaient entrés en formation sur 15 000 parcours prévus. Le dispositif d’insertion professionnelle connaît aussi des résultats modestes. Moins de 12 000 bénéficiaires de la protection temporaire se sont inscrits à Pôle Emploi depuis mars et on estime à moins de 13 000 le nombre d’Ukrainiens ayant eu un emploi salarié, pour 27 % dans les secteurs de la restauration et de l’hébergement.
Seule la scolarisation des enfants ukrainiens est une réussite : près de 20 000 d’entre eux sont inscrits dans un établissement scolaire, dont 55 % en primaire.
Article signé des initiales L. C. Le Dauphiné Libéré. 01/03/2023
Dans les BdR on croise beaucoup d’Ukrainiens, ils connaissent parfaitement leurs droits, et visiblement ils préfèrent le soleil de la Provence aux risques du combat sur le front du Donbass.
Ce qui se passe en Ukraine est un terrible drame dont on ne voit pas de solution: l’Ukraine n’a pas les moyens de battre la Russie, et le soutien de l’OTAN empêchera la Russie de gagner. Je vois donc une guerre qui s’éternise et épuise les 2 pays des centaines de milliers de morts des destructions innombrables. Aider les ukrainiens est un devoir humanitaire. Mais que faire poyr ramener la paix? Pour moi c’est la seule vraie question.